Algérie : Reporters sans frontières dénonce une vague de répression contre la presse en marge des manifestations
Depuis que des manifestations ont éclaté dans le pays pour protester contre la candidature à un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika, Reporters sans frontières (RSF) a recensé un nombre inquiétant de violences à l’égard de la presse : interpellations, agressions, interdiction de couvrir, confiscation de matériel, pressions sur les médias publics et ralentissement du réseau internet…
Depuis le 22 février 2019, les autorités algériennes mettent tout en oeuvre pour museler les journalistes et les médias qui veulent témoigner des grandes manifestations qui secouent le pays pour protester contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un 5ème mandat lors de la présidentielle du 18 avril prochain. Plusieurs journalistes ont été empêchés de couvrir, voire pour certains, ont été violemment agressés par les agents de police. Des journalistes, qui préfèrent garder l’anonymat craignant pour leur sécurité, ont été interpellés dans le centre ville d’Alger et se sont vu confisquer leur matériel. Face à la pression des forces de l’ordre, d’autres ont dû supprimer leurs photos. Plusieurs autres journalistes ont également été arrêtés pendant plusieurs heures avant d'être relâchés.
“Reporters sans frontières est alarmée par cette répression que vit la presse algérienne qui ne fait que témoigner de l’actualité politique de son pays, déclare Souhaieb Khayati directeur du bureau Afrique du Nord de RSF. Les autorités algériennes ne se contentent plus des innombrables pressions économiques et judiciaires sur les journalistes et les médias. Désormais, ils agressent, arrêtent les journalistes et empêchent les informations de circuler. Nous demandons aux autorités de cesser d’entraver le travail des journalistes et des médias qui ne font que leur travail d’information et participent au débat public sur un événement majeur de la politique algérienne.”
Samedi 23 février, Meriem Abdou journaliste et rédactrice en chef à la Radio Chaîne 3 (radio publique) a annoncé sur les réseaux sociaux sa démission afin de protester contre l’absence de couverture médiatique par la radio des manifestations du 22 février. La journaliste qui a déclaré se consacrer désormais uniquement à son émission “L’histoire en marche” a été notifiée de son arrêt.
Par ailleurs, RSF a constaté de fortes perturbations sur le réseau internet et l’accès aux réseaux sociaux est très difficile depuis le 21 février 2018, empêchant ainsi l’information de circuler. Dans un communiqué Algérie Telecom a démenti être à l’origine des coupures.
L’Algérie est à la 136e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la Presse 2018 de RSF.