Al-Jazeera sous le coup d’une campagne de calomnie

Reporters sans frontières condamne la campagne de dénigrement lancée par les autorités tunisiennes, par l’intermédiaire des médias gouvernementaux ou proches du régime, contre Al-Jazeera en Tunisie. La chaîne satellitaire qatarie est en effet accusée, par les autorités, de servir de porte-voix à l’opposition au président Ben Ali. En cause notamment, la couverture, par la chaîne, du congrès du droit au retour des exilés tunisiens, organisé à Genève les 20 et 21 juin dernier. Au cours de cette manifestation, les participants ont appelé le président tunisien à autoriser le retour au pays d’opposants politiques en exil, malgré les peines de prison pour “délits d’opnion“ qui pèsent sur eux. « Cette campagne orchestrée par les autorités tunisiennes a pour but de discréditer Al-Jazeera. Dans ce pays où la liberté d’expression est réduite à une peau de chagrin, toute voix critique à l’égard des autorités est soit réprimée, soit conspuée. De telles pratiques sont réellement inquiétantes à moins de trois mois des élections présidentielle et législatives », a déclaré l’organisation. Depuis quelques semaines, les médias tunisiens proches du pouvoir, quelque soit leur forme, s’acharnent contre Al-Jazeera. On peut en effet lire dans de nombreuses publications de la presse écrite des articles insultant directement la chaîne, ses employés ainsi que le gouvernement du Qatar, où la chaîne a son siège. A l’instar des journaux gouvernementaux tels que La Presse et Al Hurriya, le quotidien Al Hadath a ainsi publié, le 7 août 2009, un article sur la chaîne qatarie. De plus, la chaîne pro-gouvernementale Hannibal TV a diffusé, le 29 juillet 2009, un talk show au cours duquel plusieurs professionnels des médias invectivaient les journalistes de la chaîne. Par ailleurs, Lotfi Hajji, correspondant d’Al-Jazeera en Tunisie, s’est plaint d’une intensification des restrictions à son encontre. En effet, le câble Internet de son domicile est coupé depuis plus d’un mois. Il a également été empêché par la police de rencontrer un défenseur des droits de l’homme, les 24 et 26 juin à Tunis. À noter également que depuis cinq ans, les autorités tunisiennes lui refusent son accréditation officielle. Cette stratégie, qui a pour dessein de ternir la réputation de la chaîne Al-Jazeera, reflète une volonté d’empêcher la chaîne de relayer, au niveau national et international, des informations critiques à l’encontre de la Tunisie.
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Updated on 20.01.2016