Akbar Ganji a entamé une grève de la faim : "Personne ne devrait être emprisonné même une seconde pour avoir exprimé son opinion"

Selon l'agence de presse étudiante Iranian Students' News Agency (ISNA), Youssef Molai, avocat du journaliste Akbar Ganji, a annoncé le 19 mai 2005 que son client avait entamé une "grève de la faim illimitée". "Le cas d'Akbar Ganji est grave : il n'a même pas accès aux soins adaptés à son état et recommandés par ses médecins", a déclaré Reporters sans frontières.


Selon l'agence de presse étudiante Iranian Students' News Agency (ISNA), Youssef Molai, avocat du journaliste Akbar Ganji, a annoncé le 19 mai 2005 que son client avait entamé une "grève de la faim illimitée". Reporters sans frontières met en garde les autorités iraniennes sur leur responsabilité dans la dégradation de l'état de santé du journaliste, déjà aléatoire. "Il est insensé que la grève de la faim soit devenue le seul recours pour les journalistes incarcérés qui tentent ainsi d'obtenir leurs stricts droits de prisonniers, comme celui de sortir en permission ou de téléphoner. Le cas d'Akbar Ganji est grave : il n'a même pas accès aux soins adaptés à son état et recommandés par ses médecins", a déclaré l'organisation. "Je proteste contre mon emprisonnement illégal et injuste, d'autant plus que je ne peux même pas poursuivre mes traitements en dehors de la prison d'Evine. J'entame une grève de la faim illimitée à partir de ce soir. Personne ne devrait être emprisonné, même une seconde, pour avoir exprimé son opinion", a conclu le journaliste, le 19 mai, par le biais de son avocat. ------------------- 22.04.2005 - Akbar Ganji est gravement malade, après cinq ans d'emprisonnement Le 22 avril 2005, cela fera cinq ans qu'Akbar Ganji est incarcéré à la prison d'Evine, à Téhéran. Il est aujourd'hui gravement malade et Reporters sans frontières demande, une fois de plus, sa libération inconditionnelle. « Akbar Ganji, grande figure des médias iraniens, est le journaliste détenu depuis le plus grand nombre d'années dans le pays, a déclaré Reporters sans frontières. Nous demandons aux autorités judiciaires qu'elle cessent d'ignorer les avis des médecins de la prison qui recommandent, depuis trois ans, un suivi médical extérieur. L'état de santé d'Akbar Ganji nécessite une hospitalisation immédiate. Les autorités iraniennes seront tenues pour responsables des conséquences de cette attitude criminelle. » « Akbar Ganji a été incarcéré, puis privé de ses droits de prisonniers, pour avoir dénoncé dans ses articles l'impunité qui règne en Iran et pour avoir participé au débat réformateur. » Le 22 avril 2000, Akbar Ganji, journaliste du quotidien Sobh-é-Emrouz, a été arrêté à l'issue d'une audience devant le tribunal dit de la presse. Le journaliste était poursuivi pour ses révélations sur les meurtres d'opposants et d'intellectuels, fin 1998, et ses accusations contre des hauts responsables politiques, tels que Ali Fallahian ou Hashemi Rafsandjani. Akbar Ganji était également accusé d'avoir participé à la conférence de Berlin, consacrée aux réformes en Iran et jugée anti-islamique par les autorités du pays. Le 13 janvier 2001, il est condamné à dix ans de prison. En mai, sa peine a été ramenée, en appel, à six mois. Mais le 15 juillet, la Cour suprême est revenue sur ce verdict sous prétexte d'irrégularités commises lors de la procédure d'appel. Le journaliste a écopé de six années de réclusion. Détenu en cellule d'isolement, il ne peut pas, comme d'autres détenus politiques, téléphoner à son épouse depuis la prison ou bénéficier de permissions de sortie, comme le permet la loi iranienne. Après cinq ans passés derrière les barreaux, Akbar Ganji n'a eu droit qu'à une quarantaine de jours de sortie dont la majorité consacrés à des visites médicales. Les médecins de l'hôpital auraient recommandé l'hospitalisation du journaliste, pour des problèmes de dos et d'asthme qui empirent à cause de ses conditions de détention. Les autorités judiciaires continuent pourtant à s'y opposer. Shirin Edabi, Prix Nobel de la paix 2003 et avocate du journaliste, a fait part de son extrême inquiétude quant à l'état de santé de son client. Par ailleurs, la répression continue en Iran. Au mois de mars 2005, plusieurs journalistes ont reçu des convocations pour les jours à venir, par différents organes judiciaires et sécuritaires. Le 30 mars, Kivan Samimi, directeur du mensuel Nameh, a été convoqué par la 6e chambre du tribunal de Téhéran. Mohamad Javad Roh du quotidien Shargh a été convoqué plusieurs fois et menacé pour ses articles sur les élections. L'organisation de défense des droits de l'homme du Kurdistan, créée récemment par des journalistes de cette province de l'ouest de l'Iran, a dénoncé la répression massive à l'encontre de la presse et évoqué quatorze convocations par les tribunaux de la ville de Sanandaj : Mohammad Sadegh Kabovand, Ejlal Ghavami, Tonya Kabovand, Namo Hedayati, Yosef Azizi, Kaveh Hosinpanahi, Jahangir Hashemi, Jamshid Vaziri, Hasan Amini et Majid Mohamadi de l'hebdomadaire Payam-e mardom-e Kurdestan, Roya Tolou, rédactrice en chef de journal Resan, Abdolah Sohrabi, directeur, et Saman Solimani, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Rouj Halat. Tous ces journalistes ont été accusés de « publication de fausses informations, publicité contre le régime » et « atteinte à la sécurité nationale ». Il y a plus de 15 ans, Reporters sans frontières mettait en place le "parrainage" et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli. Akbar Ganji est parrainé par Le Devoir, Nice-Matin, La Montagne
Publié le
Updated on 20.01.2016