Akbar Ganji en prison depuis trois ans

Le 22 avril, le journaliste Akbar Ganji "fêtera" ses trois années en prison. Depuis 2000, Reporters sans frontières demande sa libération inconditionnelle. Une autre figure du journalisme, Ahmad Zeid-Abadi, est récemment "retourné" en prison pour purger le reste de sa peine de prison. "Cela fait trois ans qu'Akbar Ganji purge une peine pour avoir seulement fait son travail de journalisme d'investigation. De son côté, Ahmad Zeid-Abadi paie également un lourd tribut pour avoir critiqué le régime. Nous demandons la libération de ces deux journalistes ainsi que des huit autres actuellement derrière les barreaux", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Le 22 avril 2000, Akbar Ganji, journaliste du quotidien Sobh-é-Emrouz, est arrêté à l'issue d'une audience devant le tribunal de la presse. Le journaliste est poursuivi pour ses révélations sur les meurtres d'opposants et d'intellectuels, fin 1998, et ses accusations contre des responsables politiques de l'époque comme Ali Fallahian ou Hashemi Rafsandjani. Akbar Ganji est également accusé d'avoir participé à la conférence de Berlin, consacrée aux réformes en Iran et jugée anti-islamique par les autorités du pays. Le 13 janvier 2001, il est condamné à dix ans de prison. En mai, sa peine est ramenée, en appel, à six mois. Mais le 15 juillet, la Cour suprême revient sur ce verdict sous prétexte d'irrégularités commises lors de la procédure d'appel. Le journaliste écope de six ans de prison. Détenu en cellule d'isolement depuis 70 jours, il ne peut pas, comme d'autres détenus politiques, téléphoner à son épouse depuis la prison. Selon cette dernière, les médecins de l'hôpital auraient recommandé l'hospitalisation du journaliste, pour des problèmes de dos, à l'extérieur de la prison. L'autorité judiciaire a refusé. Le 13 avril 2003, Ahmad Zeid-Abadi, journaliste du quotidien réformateur Hamchahri et du mensuel Iran-é-Farda, a dû se présenter à la prison d'Evine sur ordre de la justice. Le 10 mars, il avait été condamné, en appel, à treize mois de prison et cinq ans d'interdiction "d'activité publique et sociale", dont le journalisme. Il a écopé de huit mois pour "propagande contre le régime" et cinq mois pour "publication de fausses nouvelles". Le 17 avril 2002, Ahmad Zeid-Abadi avait été condamné par le tribunal de la presse à vingt-trois mois de prison et cinq ans d'interdiction de toute activité publique et sociale pour "propagande contre le régime islamique et ses institutions". Le tribunal lui reprochait notamment "ses discours provocateurs et menaçants pour la sécurité nationale". Ayant déjà purgé sept mois, il lui en reste six. Arrêtés respectivement en octobre et novembre 2002, Hossein Ghazian, et Abbas Abdi, ont été condamnés, en appel, début avril à quatre ans et six mois de prison : quatre ans pour "avoir communiqué des informations à des pays ennemis" et six mois pour "propagande contre le régime islamique". Hossein Ghazian, l'un des directeurs de l'institut de sondage Ayandeh et journaliste du quotidien Norooz, et Abbas Abdi, autre directeur de Ayandeh, ancien rédacteur en chef du quotidien Salam et membre de la rédaction de nombreux journaux réformateurs, étaient accusés d'avoir "reçu de l'argent de l'institut de sondage américain, Gallup, ou d'une ambassade étrangère". Ces arrestations étaient intervenues après qu'IRNA, l'agence de presse officielle iranienne, avait diffusé, le 22 septembre, un sondage (réalisé par la Société nationale des études de l'opinion publique et Ayandeh) qui indiquait que "74,4 % des Iraniens étaient favorables à la reprise des relations avec Washington".
Publié le
Updated on 20.01.2016