Ahmed Mansour et quatre militants des droits de l’homme graciés et libérés
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Reporters sans frontières se réjouit de la décision du président émirati de gracier, le 28 novembre 2011, Ahmed Mansour et quatre autres militants pro-démocratie. Ils devraient être libérés dans la journée.
A l’issue d’un procès inéquitable, la Haute Cour fédérale d’Abu Dhabi avait rendu, la veille, un verdict choquant en condamnant le blogueur et militant des droits de l’homme à trois ans de prison ferme pour “insulte aux dirigeants émiratis”, et “appel à manifester contre le régime”. Les quatre prévenus jugés avec lui, le professeur Nasser bin Ghaith, et les activistes Farhad Salem Hassan, Ali Al-Khamis et Ahmed Abdul Khaleq, avaient écopé de deux ans de prison, également pour insulte aux émirs, en vertu de l’article 176 du Code pénal. La justice émiratie ayant estimé qu’il s’agissait d’une affaire de sécurité d’Etat, le verdict était sans appel, et les condamnés ne pouvaient compter que sur la grâce du président des Émirats arabes unis, Cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane.
“Il s’agit d’une excellente nouvelle pour Ahmed Mansour et les quatre activistes qui vont enfin être libérés après huit mois en prison. Nous saluons la persévérance de leurs proches et de tous ceux qui les ont soutenus pour que cette libération ait lieu,” a déclaré Reporters sans frontières.
“Le verdict rendu par la justice émiratie le 27 novembre n’en est pas moins choquant et illustre la politique sécuritaire et répressive menée par le régime depuis le début des révoltes arabes. Nous tenons à rappeler qu’aucune preuve tangible n’a été versée au dossier contre Ahmed Mansour au cours du procès, qui s’est pourtant conclu par une sentence très sévère. Il est innocent, son seul crime est d’avoir encouragé le régime à mener des réformes démocratiques”, a poursuivi l’organisation.
“Nous appelons également les autorités à enquêter sur les mauvais traitements subis par Ahmed Mansour et ses codétenus en prison, ainsi que sur les menaces reçues par sa famille. Il est du devoir des autorités émiraties de tout mettre en œuvre pour protéger l’ensemble de leurs ressortissants, et garantir leur sécurité.”
Arrêté le 8 avril 2011, Ahmed Mansour avait été inculpé en tant qu’administrateur du forum de débat démocratique Al-Hewar (“Le dialogue” en arabe), sur lequel lui et les quatre activistes - surnommés les “UAE 5” - ont été accusés d’avoir posté des messages critiques à l’égard de la politique menée par le régime, entre juillet et octobre 2010.
A compter du 2 octobre 2011, les UAE 5 avaient refusé de se présenter aux audiences pour dénoncer un procès inéquitable et politique, entaché de nombreuses irrégularités. Ils étaient également en grève de la faim depuis le 13 novembre dernier. Ils n’ont pas eu librement accès à leurs avocats au cours du procès, et ces derniers n’ont pas pu interroger les témoins à charge.
Les UAE 5 ont fait l’objet d’une campagne de diffamation lancée sur Internet et relayée par certains médias locaux depuis leur arrestation. Leurs détracteurs les accusent d’être traîtres à la nation. Il ont organisé plusieurs manifestations devant le tribunal d’Abu Dhabi et n’ont pas hésité à intimider les proches des détenus. Dans une déclaration conjointe publiée le 10 novembre 2011, les cinq militants avaient notamment accusé les sites Lethal Character et Proud Emirati d’être derrière cette campagne et d’alimenter un climat d'hostilité envers eux et leurs proches.
Dans une déclaration publiée le 9 novembre 2011, la famille d’Ahmed Mansour avait affirmé que cette campagne s’était intensifiée sur Internet, mais aussi sur des chaînes de télévision locales et dans des journaux. Lors de l’audience du 23 octobre dernier, un enregistrement vocal proférant des menaces de mort et appelant à manifester contre Ahmed Mansour a été diffusé devant le tribunal. La famille du blogueur a porté plainte contre l’auteur de cet enregistrement, le poète Saïd Bakhit Al-Kutubi, mais la justice n’y a pas donné suite à ce jour. Un proche du professeur Nasser bin Ghaith a été frappé par un manifestant devant le tribunal, le 27 novembre 2011. Il a été arrêté par la police.
Reporters sans frontières condamne fermement cette campagne, et regrette qu’aucune mesure n’ait été prise contre ses orchestrateurs.
Reporters sans frontières appelle les autorités émiraties à donner suite aux plaintes déposées par la défense et à ouvrir une enquête pour punir les responsables de cette campagne d’intimidation. Elles doivent rester vigilantes sur la sécurité des cinq militants après leur retour à la liberté.
Les Emirats arabes unis font partie des pays sous surveillance dans la liste des ennemis d’Internet publiée par Reporters sans frontières en mars 2011. Le régime a récemment accentué ses pressions sur les net-citoyens.
Crédits photo : Reuters
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Publié le
Updated on
20.01.2016