Christophe Boltanski, du quotidien français Libération, a été frappé et poignardé par quatre hommes, le 11 novembre, sous le regard passif de policiers tunisiens. Reporters sans frontières est indignée par cette agression qui intervient dans un climat particulièrement répressif en Tunisie.
Reporters sans frontières est indignée par l'agression dont a été victime le journaliste de Libération, Christophe Boltanski, à Tunis. «Au vu des circonstances de l'agression, sous le regard passif de policiers tunisiens, nous pensons qu'il faut chercher les agresseurs du côté des services de sécurité tunisiens. Il s'agit d'une intimidation très claire adressée par le pouvoir tunisien aux journalistes étrangers qui osent encore s'intéresser à la situation déplorable des droits de l'homme en Tunisie. Le climat répressif qui règne à Tunis ne garantit en rien le bon déroulement du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI). Les Nations unies, si elles ne veulent pas se fourvoyer, devraient tout simplement organiser le SMSI ailleurs qu'en Tunisie », a affirmé Reporters sans frontières.
Le 11 novembre 2005 dans la soirée, Christophe Boltanski, envoyé spécial du quotidien français Libération, a été agressé et poignardé à proximité de son hôtel dans le quartier des ambassades de Tunis. Selon Libération, quatre hommes ont aspergé de gaz lacrymogène le journaliste, et l'ont roué de coups. Avant que l'un des agresseurs ne lance « C'est assez », l'un de ses comparses avait poignardé le journaliste dans le dos. Les agresseurs lui ont volé ses affaires, notamment ses carnets de notes, son téléphone et sa clef USB.
Christophe Boltanski a bien tenté d'obtenir de l'aide de policiers tunisiens en faction devant l'ambassade de Tchéquie, mais ces derniers n'ont pas réagi. Les agresseurs ont par ailleurs mystérieusement disparu dans un quartier tout particulièrement quadrillé par la police. De même, un policier tunisien, venu quelques heures plus tard voir le journaliste à son hôtel, a refusé d'enregistrer sa plainte. Le reporter français a été soigné pour de multiples contusions et un plaie dans le dos. Christophe Boltanski, très choqué par cette violente agression, doit rentrer le 12 novembre dans la soirée à Paris.
Le jour même de l'agression, Christophe Boltanski signait dans les colonnes de Libération un article intitulé « Manifestants tabassés par la police à Tunis » dans lequel il relatait le passage à tabac par des policiers tunisiens de militants des droits de l'homme qui tentaient d'organiser une manifestation de solidarité avec sept personnalités de l'opposition qui observent une grève de la faim depuis le 18 octobre dernier.
A cinq jours de l'ouverture du SMSI, les autorités tunisiennes et les Nations unies semblent incapables de garantir aux journalistes et aux militants des droits de l'homme la sécurité et la liberté de parole à la veille de cette réunion cruciale pour l'avenir du développement d'Internet dans le monde. Ainsi, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, s'est vu notifier, dans un courrier adressé le 10 novembre 2005 par la direction exécutive du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), que les autorités tunisiennes s'opposaient à son entrée dans le pays à l'occasion de ce sommet.