Afghanistan : les arrestations arbitraires par les services secrets talibans minent la liberté de la presse

Le 17 janvier, des membres de la Direction générale du renseignement (GDI) ont arrêté un reporter de l’agence de presse japonaise Kyodo News, à Kaboul. La même semaine, deux journalistes d’une agence de presse locale Gardesh-e-Etilaat ont été détenus durant deux jours. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à  libérer immédiatement le reporter de Kyodo News et à cesser d’entraver le travail des professionnels de l’information.


Mise à jour du 25/01/2024 : Ehsan Akbari, journaliste de l'agence de presse japonaise "Kyodo", a été libéré le 25 janvier après neuf jours de détention arbitraire par le GDI.


 

Une vague d'arrestations inquiétante à Kaboul. Le mercredi 17 janvier, le reporter de l’agence de presse japonaise Kyodo News, Ehsan Akbari a été convoqué au Centre gouvernemental des médias et de l’information (GMIC) à Kaboul, capitale du pays, puis arrêté dans la foulée. Le lendemain, des membres de la Direction générale du renseignement (GDI) – les services secrets talibans – ont confisqué, à son bureau, son ordinateur portable et son appareil photo, avant de saisir son téléphone à son domicile, selon le frère du journaliste. Aucune information officielle n’a été fournie par la GDI sur son arrestation. Ehsan Akbari est toujours détenu. 

Le 18 janvier, c’est au tour de la nouvelle agence de presse locale Gardesh-e-Etilaat de se retrouver dans la ligne de mire des services secrets. Le propriétaire du média créé en 2023, Ahmad Jawad Rasooli, et son rédacteur en chef Abdulhaq Hamidi, ont été convoqués au bureau de la GDI à Kaboul, puis arrêtés et soumis à un interrogatoire. Des membres du service de renseignement ont emmené Abdulhaq Hamidi chez lui, et ont saisi son téléphone. Les deux professionnels des médias ont finalement été libérés le 20 janvier.

“Ces détentions interviennent dans la continuité d’une répression inacceptable de la presse par le régime taliban. Les arrestations récurrentes de professionnels des médias par le service de renseignement sont une stratégie odieuse pour intimider les journalistes indépendants et brider toute liberté de la presse dans le pays. Les détentions arbitraires par la GDI constituent une violation directe de la loi afghane sur les médias, selon laquelle toute plainte contre les journalistes et les médias doit être traitée par la Commission des plaintes et des violations des droits des médias (Media Complaints and Rights Violations Commission, MCRVC), afin d’empêcher l'ingérence d'autres départements dans les affaires des médias. RSF demande la libération immédiate d’Ehsan Akbari et exhorte la GDI à cesser sa campagne d’arrestations punitives de journalistes.

Le Bureau Asie du Sud
Reporters sans frontières

Ces arrestations viennent s’ajouter à la longue liste de journalistes arbitrairement détenus ces derniers mois. Le 4 décembre 2023, le journaliste de la chaîne indépendante Tamadon TV Abdul Rahim Mohammadi a été arrêté à Kandahar, au sud de l’Afghanistan, par la GDI, sans qu’aucun motif n’ait été donné par celle-ci ou par les autorités locales.

Le directeur de la webradio indépendante Radio Nasim, Sultan Ali Javadi a, lui, été arrêté arbitrairement en octobre 2023, puis condamné le 11 décembre à un an de prison par le tribunal de première instance de Nili, dans la province de Daykundi au centre du pays, pour “propagande contre l'Émirat islamique d'Afghanistan” et “espionnage au profit de pays étrangers et infidèles”.

L’Afghanistan occupe la 152e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2023 par RSF. Trois journalistes y ont été tués depuis le 1er janvier 2023, et trois y sont détenus à ce jour.

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