"Trois ans après la mort de la journaliste iranienne Zahra Kazemi, ses assassins jouissent toujours d'une impunité totale. Nous demandons un procès juste et équitable afin d'éclaircir les circonstances de sa mort", a déclaré Reporters sans frontières.
"Trois ans après les faits, les assassins de la photojournaliste iranienne Zahra Kazemi jouissent d'une impunité totale. Depuis l'acquittement, le 16 novembre 2005, de Reza Aghdam Ahmadi, seule personne accusée dans cette affaire, aucune avancée n'a eu lieu. Les avocats de la famille de Zahra Kazemi se heurtent au silence de la justice iranienne. Nous nous associons à leur demande d'organiser enfin un procès juste et équitable, qui permettra d'éclaircir, une fois pour toutes, les circonstances de la mort de la journaliste", a déclaré Reporters sans frontières.
"Nous avons été choqués, comme le gouvernement canadien et d'autres, par la présence de Saïd Mortazavi, procureur de la ville de Téhéran, directement impliqué dans la mort de Zahra Kazemi, lors de la réunion inaugurale du Conseil des droits de l'homme, le 19 juin à Genève. Sa présence dans ce lieu, quelques semaines avant l'anniversaire de la mort de la journaliste, était proprement scandaleuse", a ajouté l'organisation.
Contacté par Reporters sans frontières, Mr Mohamad Ali Dadkhah, avocat de la famille de Zahra Kazemi, a déclaré : "Après le procès en appel et son verdict, nous avions le grand espoir que la Cour suprême ordonnerait la réouverture du dossier. Malheureusement, jusqu'à aujourd'hui et malgré tous nos efforts, le silence règne et notre demande est restée lettre morte."
Zahra Kazemi, journaliste irano-canadienne, résidente au Canada, avait été interpellée, le 23 juin 2003, alors qu'elle photographiait des familles de détenus devant la prison d'Evine, au nord de Téhéran. Battue au cours de sa détention, elle est décédée des suites de ses blessures le 10 juillet. Après avoir tenté de dissimuler les causes de son décès, un rapport d'enquête rendu public par les autorités iraniennes, le 20 juillet, reconnaissait la mort violente mais ne précisait pas l'origine du coup qui lui avait été fatal. Aujourd'hui, seule une autopsie permettrait d'en savoir plus. La journaliste était âgée de 54 ans.
Le corps de Zahra Kazemi avait été inhumé dans la précipitation, à Chiraz (sud du pays), le 22 juillet 2003, contre la volonté de son fils, Stephan Hachemi, de nationalité franco-canadienne et résident permanent au Canada. La mère de la journaliste avait reconnu publiquement avoir été victime de pressions pour autoriser l'enterrement en Iran. Depuis, les demandes d'exhumation et de rapatriement du corps au Canada sont restées sans réponses.
Suite à une enquête parlementaire iranienne et sous la forte pression du Canada et de la communauté internationale, la justice avait désigné Reza Aghdam Ahmadi, un agent des services de renseignements, l'un des interrogateurs de Zahra Kazemi pendant sa détention, comme responsable de sa mort. Celui-ci avait été inculpé avant d'être innocenté lors d'un simulacre de procès, le 24 juillet 2004.
Le 16 mai 2005, la cour d'appel de Téhéran a expédié en une heure la première audience du second procès. Les avocats de la famille de Mme Kazemi se sont plaints de ne pas avoir été entendus lors de cette séance, qui s'est déroulée en l'absence de l'accusé. Les journalistes, quant à eux, ont été refoulés de la salle d'audience.
Le 16 novembre, la justice iranienne a confirmé en appel l'acquittement de Reza Aghdam Ahmadi. Selon l'avocat de ce dernier, Me Shabani, et les avocats de la famille de Zahra Kazemi, le jugement de la cour d'appel de Téhéran a également ordonné le renvoi du dossier au parquet et la réouverture de l'enquête.