Reporters sans frontières est consternée par les déclarations de la justice iranienne, qui a annoncé, le 28 juillet, que Zahra Kazemi, photojournaliste irano-canadienne, serait décédée de manière "accidentelle". L'organisation s'associe à la demande des avocats de la famille de la victime pour qu'un juge indépendant des services du procureur de Téhéran soit nommé afin de vérifier l'ensemble du dossier et de procéder à une reconstitution des faits.
Reporters sans frontières est " consternée " par les déclarations de la justice iranienne, qui a annoncé, le 28 juillet 2004, que Zahra Kazemi, photojournaliste irano-canadienne, serait décédée de manière " accidentelle ". L'organisation s'associe à la demande des avocats de la famille de la victime pour qu'un juge indépendant des services du procureur de Téhéran soit nommé par l'ayatollah Shahroudi, chef de pouvoir judiciaire, afin de vérifier l'ensemble du dossier et de procéder à une reconstitution des faits.
" Reporters sans frontières n'a pas de mots assez forts pour qualifier les dernières déclarations de la justice iranienne. Celle-ci ose dire que, puisque le coupable du meurtre de Zahra Kazemi a été innocenté - à l'issue d'un procès truqué - la preuve est faite que Zahra Kazemi est morte accidentellement ! Ces raisonnements dépassent le stade du ridicule pour atteindre celui de la provocation ! Nous nous associons à la demande des avocats de nommer un juge indépendant du Parquet, impliqué dans cette affaire, pour que la lumière soit faite sur ce crime que les autorités judiciaires tentent de maquiller en accident ", a déclaré l'organisation.
Zahra Kazemi, avait été interpellée, le 23 juin 2003, alors qu'elle photographiait des familles de détenus devant la prison d'Evine, au nord de Téhéran. Battue au cours de sa détention, elle est décédée des suites de ses blessures le 10 juillet. Après avoir tenté de dissimuler les causes de sa mort, les autorités iraniennes ont reconnu, le 16 juillet, qu'elle avait été "battue".
Mohammad Reza Aghdam Ahmadi, agent des services de renseignements, l'un des interrogateurs de Zahra Kazemi pendant sa détention, a été inculpé avant d'être innocenté, le 24 juillet 2004, par les autorités judiciaires. Les avocats de la famille de la victime ont demandé lors du procès à voir comparaître Mohammad Bakshi, agent de la prison d'Evine sous l'autorité du procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, et cinq hauts responsables judiciaires présents lors de l'interrogatoire. Le Tribunal de Téhéran a refusé cette demande et expédié le procès en deux jours. Pourtant, différentes commissions d'enquêtes iraniennes avaient mis en cause ces fonctionnaires de la justice iranienne.
Dans un communiqué rendu public le 28 juillet, le collectif d'avocats de la famille de la victime, auquel participe notamment Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, a demandé à l'ayatollah Shahroudi, chef du pouvoir judiciaire, de nommer un juge indépendant du Parquet pour vérifier l'ensemble du dossier et permettre une reconstitution fidèle de ce meurtre.
Le communiqué pose par ailleurs une série de questions :
- " Il est prouvé, y compris dans les déclarations de plusieurs témoins présents sur les lieux, qu'un haut responsable de la prison d'Evine a donné à Zahra Kazemi un coup très fort sur le côté gauche de la tête, lui fracturant le crâne. Nous voulons savoir pourquoi certaines personnes veulent étouffer cette affaire. (…) Pourquoi l'identité d'un interrogateur de Zahra Kazemi, du 23 juin 22h30 au 24 juin 2h30 n'est-elle pas révélée, alors que l'interrogatoire a été conduit en présence du procureur et de l'un de ses collaborateurs ? (…) Pourquoi les comptes-rendus d'interrogatoires ont-ils été falsifiés ? (…) Pourquoi la proposition des services de renseignements de participer à la reconstitution de la scène du meurtre n'est-elle pas prise en compte ? ".
Reporters sans frontières continue par ailleurs à demander le rapatriement du corps de Zahra Kazemi au Canada, conformément à la volonté de son fils, et pour qu'une autopsie puisse y être effectuée.