Affaire Shireen Abu Akleh : Israël doit aller au bout de son enquête et faire toute la lumière sur ce crime

Muraille de Shireen Abu Akleh - Palestine

Après avoir insisté pendant des mois sur l’impossibilité de déterminer la source des tirs qui ont tué Shireen Abu Akleh, l’armée israélienne a admis lundi qu'il était “fort probable” que la journaliste d'Al Jazeera ait été abattue par un soldat israélien “par accident”. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités israéliennes à aller au bout de l’investigation pour révéler les véritables circonstances du meurtre.

“Les autorités israéliennes continuent d’obscurcir la vérité avec des justifications vagues et des hypothèses, plutôt que d'admettre clairement ce que chaque enquête a jusqu'à présent révélé : l'armée israélienne a tué la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, regrette le bureau Moyen-Orient de RSF. Près de quatre mois après la mort de Shireen Abu Akleh, il est temps que toute la lumière soit faite sur ce crime.

Ce lundi 5 septembre, l’armée israélienne a admis dans son rapport d’enquête : “Il y a une forte possibilité que Madame Abu Akleh ait été touchée accidentellement par un tir de l'armée israélienne qui visait des suspects identifiés comme des hommes armés palestiniens.” Cependant, l’impunité demeure. Le même jour, le bureau du procureur militaire israélien a indiqué : “Il n'y a pas de soupçon d'un acte criminel justifiant l'ouverture d'une enquête criminelle par la police militaire.” 

Le 7 septembre, le Premier ministre israélien s'est dit opposé à la poursuite du soldat qui a tiré sur la journaliste.

Lors d'une cérémonie militaire, il déclare :

"Je ne permettrai pas qu'un soldat qui se protégeait des tirs de terroristes soit poursuivi en justice juste pour obtenir des félicitations de l'étranger.

Lorsque la journaliste Shireen Abu Akleh a été tuée d’une balle dans la tête, le 11 mai, alors qu'elle couvrait un raid militaire israélien en Cisjordanie occupée, elle portait un casque et un gilet pare-balles avec la mention "presse". 

Différentes parties, dont son employeur, la chaîne Al Jazeera, sa famille et l'Autorité palestinienne à Jénine, où elle a été abattue, ont accusé Israël d’avoir commis le crime intentionnellement. Plusieurs investigations – notamment de l’ONU, du New York Times, et de CNN ont abouti à la conclusion que Shireen Abu Akleh avait probablement été tué par des tirs israéliens. Mais malgré les preuves, les autorités israéliennes ont maintenu qu'il n'était "pas possible de déterminer sans équivoque la source des coups de feu". Si, ce lundi 5 septembre, l'armée a changé de récit, elle continue à nier toute responsabilité.  

Dans une réponse à la déclaration d'Israël publiée sur Twitter, la famille de Shireen Abu Akleh a demandé notamment la tenue d’une enquête et d’un procès à la Cour pénale internationale :

“Nous savons depuis plus de 4 mois qu'un soldat israélien a tiré sur Shireen et l'a tuée, comme l'ont conclu d'innombrables enquêtes. Et pourtant, comme on s’y attendait, Israël refuse d'assumer la responsabilité de la mort de Shireen.

La chaîne Al Jazeera, à son tour, a dénoncé les conclusions de l'enquête :

“Cet aveu du bout des lèvres n'est rien d'autre qu'une tentative des forces d'occupation israéliennes d'échapper à leur responsabilité criminelle dans le meurtre de Shireen.

L'enquête sur le meurtre de Shireen Abu Akleh se deroule dans un contexte de plus en plus hostile pour les journalistes palestiniens. 

Un autre journaliste tué et trois journalistes arrêtés

Le lundi 5 septembre, le matin même de l’annonce de l’armée Israélienne, le journaliste Nadal Ijbariya à été trouvé mort dans sa voiture dans le quartier d'Al-Kina à Umm al-Fahm après que des assaillants non identifiés ont ouvert le feu sur lui. Le journaliste palestinien âgé de 44 ans était le fondateur et le rédacteur en chef du site web local Baladna

Nadal Ijbariya avait déjà reçu des menaces de mort. En juin 2021, il avait publié plusieurs photos sur ses comptes Facebook et Instagram, documentant l'attaque de sa maison sous une grêle de balles. Son meurtre est le dernier événement en date d'une série de violences qui ravagent les communautés arabes des territoires palestiniens.

Le dimanche 4 septembre, la journaliste palestinienne Lama Ghosheh à été arrêtée par les forces israéliennes à son domicile dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem. Des témoins ont déclaré que la police avait saccagé le domicile de la journaliste avant de l’emmener.

La veille, les journalistes Muhammad Ateek et Mujahid Al-Saadi ont eux aussi été arrêtés en Cisjordanie, mais cette fois par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP). Le Comité de soutien aux journalistes a exhorté les services de sécurité à faire cesser les convocations et arrestations de journalistes sans justification, et a appelé “au respect des libertés, permettant aux journalistes et professionnels des médias de diffuser l'information et de montrer les violations de l'occupation contre notre peuple palestinien en Cisjordanie.”

Le journaliste Mujahid Al-Saadi a été libéré après quelques heures. 

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