Reporters sans frontières soutient le bimensuel privé L'Evénement, en déclarant notamment que, "après le non-lieu scandaleux rendu en 2006 dans l'affaire Norbert Zongo, l'année 2007 commence par un retentissant procès en diffamation contre un journal. Manifestement, évoquer avec trop de précision le rôle de François Compaoré dans l'affaire Norbert Zongo est un tabou bien ancré dans le pays présidé par son frère".
Reporters sans frontières apporte son soutien au bimensuel burkinabè L'Evénement, poursuivi en justice pour "diffamation" par François Compaoré, le frère du chef de l'Etat, et dont le procès doit s'ouvrir le 8 janvier 2007 à Ouagadougou.
"Après le non-lieu scandaleux rendu en 2006 dans l'affaire Norbert Zongo, l'année 2007 commence par un retentissant procès en diffamation contre un journal. Manifestement, évoquer avec trop de précision le rôle de François Compaoré dans l'affaire Norbert Zongo est un tabou bien ancré dans le pays présidé par son frère. En réalité, L'Evénement est attaqué pour avoir simplement rendu compte de l'actualité du pays, accompagné l'action de Reporters sans frontières et ébranlé la culture de l'impunité qui prévaut au 'Pays des hommes intègres'", a déclaré l'organisation.
Le journal est poursuivi pour avoir publié, le 25 octobre 2006, plusieurs articles relatant la conférence de presse donnée le 20 octobre dans la capitale du Burkina Faso par Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. François Compaoré s'est estimé notamment diffamé par le titre de une du journal, en regard d'une photographie de lui : "Ainsi donc, c'est lui, François Compaoré. Jusqu'à présent, on pensait à lui sans le nommer. RSF vient de franchir le pas". La veille, Reporters sans frontières avait demandé au procureur du Faso de rouvrir l'enquête sur l'assassinat du journaliste Norbert Zongo et de trois autres personnes, tués le 13 décembre 1998, en apportant de nouveaux éléments mettant en cause François Compaoré et l'homme d'affaires Oumarou Kanazoé.
En pages intérieures, trois articles, deux éditoriaux et un communiqué de presse étaient consacrés à l'affaire. Le premier article, intitulé : "Les mensonges des témoins François Compaoré et Oumarou Kanazoé" rendait compte du contenu des documents remis au procureur du Faso par Reporters sans frontières. Le deuxième, intitulé : "Pas pire aveugle que celui qui refuse de voir", critiquait le refus de la justice burkinabé de rouvrir l'enquête, en dépit de la requête de Reporters sans frontières. Le troisième, intitulé : "C'est donc lui, François Compaoré ?", mettait en lumière les zones d'ombre du rôle joué par le frère du chef de l'Etat dans l'affaire Zongo. L'éditorial critiquait la gestion de leur charge par le procureur général et le procureur du Faso. Le communiqué de presse était la reproduction de la protestation de Reporters sans frontières, après le refus de la justice burkinabe de rouvrir le dossier, sur la base des pièces présentées.
Après le non-lieu rendu en juillet 2006 par le juge d'instruction Wenceslas Ilboudo en faveur du principal suspect, l'adjudant Marcel Kafando, seules des "charges nouvelles" susceptibles de "fortifier les charges qui auraient été trouvées trop faibles" ou de "donner aux faits de nouveaux développements utiles à la manifestation de la vérité" permettaient de rouvrir l'enquête, selon l'article 189 du code de procédure pénale.