Mohammad Reza Aghdam Ahmadi, l'agent des services de renseignements accusé du meurtre de la journaliste irano-canadienne Zahra Kazemi, a été acquitté, le 24 juillet, par un tribunal de Téhéran. Reporters sans frontières dénonce une mascarade de justice orchestrée par les autorités iraniennes et demande que la lumière soit enfin faite, en appel, dans cette affaire.
Mohammad Reza Aghdam Ahmadi, l'agent des services de renseignements accusé du meurtre de la journaliste irano-canadienne Zahra Kazemi, a été acquitté, le 24 juillet, par un tribunal de Téhéran.
Reporters sans frontières dénonce une mascarade de justice orchestrée par les autorités iraniennes et demande que la lumière soit enfin faite, en appel, dans cette affaire. "Ce verdict vient couronner une parodie de procès, au cours duquel les véritables coupables n'ont jamais été recherchés. La pression internationale doit aujourd'hui s'exercer pour que le pouvoir ne puisse clôre le dossier et pour empêcher que l'impunité ne triomphe", a déclaré l'organisation.
Les avocats de la famille de Zahra Kazemi ont déclaré vouloir faire appel de cette décision. Selon la BBC, le fils de la journaliste, Stephan Hachemi, demande au gouvernement canadien d'assigner en justice les autorités iraniennes devant la cour internationale de justice de La Haye dans le cadre de cette affaire. Il affirme en effet que ce verdict a pour objectif de protéger les véritables meurtiers. La mère de la victime a déclaré lors du procès que sa fille avait été torturée à mort lors des interrogatoires.
Les diplomates canadiens n'ont pas été autorisés à assister à la seconde journée d'audience, contrairement à ce qui avait été convenu avec les autorités iraniennes. Par ailleurs, les avocats de la famille n'ont pu faire comparaître les hauts responsables de la justice iranienne qui seraient impliqués dans ce meutre. La journaliste serait décédée alors qu'elle était aux mains des services du procureur général de Téhéran, Saïd Mortazavi. Ce dernier, qui a pourtant participé directement aux interrogatoires de la victime, n'a pas comparu lors du procès.
Fin décembre, Mahmoud Hashemi Shahroudi, chef du système judiciaire, et Ali Younessi, ministre des Renseignements, avaient créé un comité, officiellement pour vérifier l'ensemble des éléments du dossier Zahra Kazemi. Reporters sans frontières avait dénoncé cette mesure qui ne servait en réalité qu'à trouver un compromis dans l'affaire. Le verdict du 24 juillet vient confirmer les craintes de l'organisation.
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18.07.04
Affaire Kazemi : Reporters sans frontières indignée par la mascarade de justice de Téhéran
Le tribunal iranien chargé de juger le meurtrier présumé de la journaliste irano-canadienne Zahra Kazemi a mis fin brutalement au procès, le 18 juillet 2004, qui avait repris la veille à Téhéran après une interruption de neufs mois.
« Nous sommes indignés par ce déni de justice », a déclaré l'organisation, avant de poursuivre : « Alors que tous les regards de la communauté internationale étaient tournés vers Téhéran, la justice iranienne a fait preuve d'un cynisme et d'une hypocrisie insupportables. Le procès du meurtrier présumé de Zahra Kazemi était considéré comme un test pour le régime iranien, unanimement condamné par les organisations internationales de défense des droits de l'homme. En transformant ce procès en mascarade de justice, les autorités iraniennes se sont une fois de plus totalement discréditées et méritent d'être sanctionnées.»
Reporters sans frontières se félicite de la réaction d'Ottawa qui, pour la troisième fois, ont rappelé en signe de protestation, le 18 juillet, leur ambassadeur en Iran, Philip MacKinnon, et encourage les autorités canadiennes à maintenir une forte pression sur les autorités de Téhéran.
Par ailleurs, l'organisation réitère sa demande auprès de l'Union européenne pour que celle-ci adopte des sanctions économiques et diplomatiques fortes contre la République islamique d'Iran, dont les violations répétées des droits de l'homme sont incompatibles avec le « dialogue » entrepris depuis 2001. .
Rappel des faits :
Zahra Kazemi, avait été interpellée le 23 juin 2003 alors qu'elle photographiait des familles de détenus devant la prison d'Evin, au nord de Téhéran. Battue au cours de sa détention, elle est décédée des suites de ses blessures le 10 juillet. Après avoir tenté de dissimuler les causes de sa mort, les autorités iraniennes ont reconnu, le 16 juillet 2003, qu'elle avait été "battue".
Le corps de Zahra Kazemi a été inhumé dans la précipitation, à Chiraz (sud du pays), le 22 juillet 2003, contre la volonté de son fils, Stéphan Hachemi, de nationalité franco-canadienne et résident permanent au Canada. La mère de la journaliste a reconnu publiquement avoir été victime de pressions pour autoriser l'enterrement en Iran. Depuis, les demandes d'exhumation et de rapatriement du corps au Canada sont restées vaines.