Affaire Hrant Dink : la police une nouvelle fois mise en cause par l'un des assassins présumés du journaliste
Organisation :
La presse turque, notamment le quotidien Radikal dans son édition du 7 juillet 2007, s'est fait l‘écho, ce week-end, d'un courrier envoyé par Tuncay Uzundal - accusé d‘appartenir à l'organisation terroriste à l'origine de l'assassinat du journaliste Hrant Dink - au procureur en charge de l'enquête, mettant en cause, une nouvelle fois, les forces de police.
"Une nouvelle fois, les forces de l'ordre sont pointées du doigt en raison de leur passivité avant l'homicide alors qu'elles auraient pu et dû intervenir pour empêcher l'assassinat du journaliste", a déclaré Reporters sans frontières.
"L'attitude des principaux accusés, se rejetant mutuellement la responsabilité de l'homicide, ne doit pas faire oublier qu'il est urgent de pousser les investigations jusqu'à leur terme et de convoquer devant la justice les responsables des forces de l'ordre mis en cause lors de l'enquête. Ce n'est qu'à cette condition que la justice turque pourra conserver sa crédibilité", a précisé l'organisation.
Dans sa lettre, parvenue aux procureurs juste avant l'ouverture du procès, Tuncay Uzundal aurait notamment indiqué que des policiers lui auraient déclaré : "C'est l'Etat qui a cassé le crayon de Dink", sans préciser dans quelles circonstances cette confidence lui aurait été faite.
Tuncay Uzundal affirme également avoir lui-même informé Yasin Hayal, l'un des organisateurs de l'assassinat de Hrant Dink, que son colocataire Erhan Tuncel - également poursuivi pour “homicide volontaire” - était un informateur de la police. Selon Tuncay Uzundal, Erhan Tuncel aurait été recruté par Ramazan Akyürek, ancien chef de la police de Trabzon et actuel responsable des renseignements au sein de la Direction nationale de la sécurité.
Dans sa lettre, il décrit la manière dont Erhan Tuncel aurait averti la police de Trabzon du projet d'assassinat du journaliste. Il aurait dit aux policiers : “Yasin Hayal ne va pas purger ses quatre années de prison et Dink va être tué.”
Incarcéré depuis le 1er février 2007, Tuncay Uzundal est poursuivi au titre des articles 314 alinéa 2 (appartenance à une organisation armée) et 82 alinéa 1-a (homicide avec préméditation) du code pénal turc. Il encourt la réclusion à perpétuité. Lors de l'enquête jucidiaire, le suspect avait déclaré avoir été témoin des réunions de préparation tenues entre Yasin Hayal, autre commanditaire du meurtre, Erhan Tuncel et le tireur Ogün Samast.
Pour sa part, Erhan Tuncel a accusé Tuncay Uzundal de porter une responsabilité plus importante qu'il ne l‘avoue dans l‘assassinat du journaliste d'Agos. Ce serait notamment lui qui aurait fourni le drapeau turc retrouvé sur Ogün Samast lors de son arrestation le 20 janvier 2007.
Par ailleurs, les avocats de la famille Dink ont fait appel de la libération de quatre autres suspects, décidée par la 14e Chambre de la cour d'assises d'Istanbul, le 2 juillet dernier. Ils ont demandé que Salih Hacisalioglu, Osman Alpay, Irfan Özkan et Veysel Toprak soient à nouveau incarcérés. Dans leur pétition, les avocats ont indiqué que la détention de ces accusés est “vitale pour faire toute la lumière” sur cette affaire.
Alors que la prochaine audience ne se tiendra pas avant le 1er octobre, le tireur Ogün Samast, Zeynel Abidin Yavuz et Tuncay Uzundal n'ont pas encore comparu devant la Cour d'Istanbul et certains témoins clés n'ont toujours pas été entendus.
Publié le
Updated on
20.01.2016