Reporters sans frontières a dénoncé le verdict qui a condamné en appel, le 8 août, Hafnaoui Ghoul, correspondant du quotidien El Youm, à trois mois de prison ferme, alourdissant ainsi le jugement de première instance. Par ailleurs, l'organisation s'inquiète à l'approche du procès en appel de Mohammed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, qui s'est vu infliger deux ans de prison ferme en première instance.
Reporters sans frontières dénonce le verdict de la cour d'appel de Djelfa (270 km au sud d'Alger), qui a condamné, le 8 août 2004, Hafnaoui Ghoul, correspondant du quotidien El Youm, à trois mois de prison ferme et à verser une amende de 50 000 dinars (environ 570 euros) et 1 million de dinars (environ 1 140 euros) de dommages et intérêts, alourdissant ainsi le jugement de première instance du 23 juin 2004. Par ailleurs, l'organisation s'inquiète à l'approche du procès en appel de Mohammed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, qui s'est vu infliger deux ans de prison ferme en première instance.
" Nous dénonçons, une fois de plus, l'acharnement judiciaire odieux auquel se livre la justice de Djelfa sur Hafnaoui Ghoul. A chaque procès en appel, sa peine est alourdie et ses amendes doublées ! Nous sommes abasourdis par cette nouvelle condamnation. Dans deux jours aura lieu le procès en appel de Mohammed Benchicou. Nous espérons que la justice se montrera clémente et arrêtera la saga des condamnations en série de journalistes à de la prison ferme !", a déclaré Reporters sans frontières
C'est pour un article paru dans le quotidien arabophone El Djazaïr News, le 23 mai dernier, et jugé " diffamatoire" par 14 plaignants, qu'Hafnaoui Ghoul avait été condamné, le 23 juin, par le tribunal de Djelfa, à deux mois de prison ferme et à verser 50 000 dinars (environ 570 euros) d'amendes 1 million de dinars (environ 1140 euros) de dommages et intérêts. Dans cet article, le journaliste et défenseur des droits de l'homme dénonçait la mauvaise gestion de la wilaya (province) et la corruption qui y règne.
Un autre procès en appel, le 11 juillet dernier, avait déjà vu s'alourdir les peines prononcées en première instance à l'encontre d' Hafnoui Ghoul. Sa condamnation initiale, du 9 juin, à deux mois de prison et à une amende de 300 000 dinars (environ 3500 euros) pour " outrage et diffamation " avait été portée à trois mois d'emprisonnement. Le préfet de Djelfa et ses proches collaborateurs s'étaient sentis diffamés dans une interview d'Hafnaoui Ghoul, publiée le 17 mai dernier dans les colonnes du Soir d'Algérie. Le journaliste y évoquait notamment la corruption des milieux politiques locaux, la mauvaise gestion des biens publics et la situation catastrophique du secteur sanitaire dans la région.
Une autre affaire s'est ajoutée à ce dossier, déjà lourd d'innombrables plaintes en diffamation. Le 2 août, Hafnaoui Ghoul, qui est incarcéré depuis le 24 mai 2004 dans la prison de Djelfa, a été reconnu coupable d'avoir fait parvenir une lettre à sa fille, depuis sa prison, sans respecter les voies réglementaires. Le procès s'était déroulé en l'absence des avocats du journaliste, dans le cadre d'une procédure rapide de flagrant délit.
Le 11 août prochain aura lieu le procès en appel de Mohammed Benchicou, directeur du Matin (qui ne paraît plus depuis le 24 juillet). Mohammed Benchicou a été condamné, le 14 juin 2004, à deux ans de prison ferme et à une amende de 20 millions de dinars (environ 230 000 euros) . Placé sous mandat de dépôt, il a été conduit à la prison d'El-Harrach (banlieue d'Alger) dès l'annonce du verdict prononcé. Le 23 août 2003, de retour de France, Mohammed Benchicou avait été trouvé à l'aéroport avec un reçu bancaire libellé en dinars. Le ministère des Finances avait déposé une plainte pour " infraction régissant le contrôle des changes et les mouvements de capitaux ".