Affaire Gongadze : Lettre ouverte au procureur général

Reporters sans frontières s'est associée à plusieurs syndicats de journalistes et organisations de défense de la liberté de la presse pour demander au procureur général d'Ukraine d'autoriser la société civile à contrôler la nouvelle expertise des "enregistrements de Melnichenko". Ces enregistrements, qui auraient été réalisés dans le bureau du président Koutchma par l'ancien officier Mykola Melnichenko, impliqueraient les plus hautes autorités de l'Etat dans le meurtre de Géorgiy Gongadze, rédacteur en chef du journal en ligne pravda.com, dont le corps décapité avait été retrouvé le 2 novembre 2000. _______________ A Gennady Vasiliev, procureur général d'Ukraine Kiev, Ukraine Le 6 février 2004 Monsieur le Procureur général, Nous, représentants du National Union of Journalists, de l'Institut des Mass Médias, de Reporters sans frontières, de la Fédération Internationale des Journalistes et d'Article 19, vous écrivons au sujet de la décision du Cabinet des ministres ukrainien (n° 825 du 30 décembre 2003) d'attribuer des fonds afin de procéder à une expertise des "enregistrements de Melnichenko". En tant qu'organisations représentant un grand nombre de journalistes européens et/ou luttant pour la défense de la liberté de la presse, nous avons tous suivi avec la plus grande attention les investigations liées à l'affaire Gongadze. A l'instar du gouvernement ukrainien, du Conseil de l'Europe et de la Commission européenne, nous considérons cette affaire comme la pierre de touche de la liberté de la presse en Europe et de l'avenir des relations entre l'Ukraine et l'Europe. Nous sommes convaincus que vous partagez notre préoccupation ainsi que notre espoir de voir cette enquête aboutir. Il est évident que les "enregistrements de Melnichenko" constituent un élément important pour que justice soit faite dans l'affaire Gongadze, et nous avons tous été préoccupés de constater l'absence d'une position claire des autorités ukrainiennes à ce sujet. Pour cette raison, nous nous félicitons de la proposition d'effectuer une nouvelle expertise. Par ailleurs, nous estimons qu'il est crucial de permettre à la société civile de contrôler le déroulement de cette expertise. Nous vous demandons d'inviter les représentants de la société civile ainsi que des représentants ukrainiens et européens de journalistes, à procéder à ce contrôle. L'enjeu est trop important - pour l'Ukraine, pour l'Europe, pour la liberté de la presse - pour que cette expertise ne soit pas réalisée dans la plus grande transparence. Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Procureur général, l'expression de notre haute considération. Jeremy Dear, National Union of Journalists Alla Lazareva, Institut des Mass Médias Robert Ménard, Reporters sans frontières Aidan White, Fédération Internationale des Journalistes Federica Prina, Article 19
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Updated on 20.01.2016