Reporters sans frontières est inquiète des informations diffusées le 22 novembre par le quotidien britannique Daily Mirror invoquant une conversation entre George W. Bush et Tony Blair au cours de laquelle le président américain aurait envisagé de bombarder le siège de la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazira au Qatar.
Reporters sans frontières est inquiète des informations diffusées le 22 novembre par le quotidien britannique Daily Mirror invoquant une conversation entre George W. Bush et Tony Blair au cours de laquelle le président américain aurait envisagé de bombarder le siège de la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazira au Qatar.
"Nous n'osons croire que ces propos ont réellement été tenus par le président américain. Cela serait extrêmement grave et constituerait une atteinte majeure et sans précédent au droit de tous à l'information, a déclaré Reporters sans frontières. Bombarder un organe de presse, quel qu'il soit et en temps de paix, serait incompréhensible et inacceptable. Ces propos, s'ils sont avérés, offrent également un nouvel éclairage sur les motivations des forces américaines qui ont déjà bombardé les locaux de la chaîne qatarie à deux reprises, en Afghanistan et en Irak."
"Avant tout, nous souhaitons que toute la lumière soit faite, le plus rapidement possible, sur cette affaire. Nous demandons à toutes les parties en présence de faire preuve d'une totale transparence. Il nous semble que pour mettre fin à toute polémique et éviter des accusations dangereuses et sans fondement, la solution serait de publier ce mémorandum. Si les informations du Daily Mirror sont exactes, alors nous demanderons au gouvernement américain de fournir des explications sur les raisons qui l'ont poussé à envisager un tel acte", a ajouté l'organisation.
"Nous sommes, par ailleurs, choqués par la décision des autorités britanniques d'interdire à la presse de publier des informations sur le contenu du mémorandum classé "top secret". Invoquer une loi sur les secrets officiels et menacer de traîner des journaux devant la Haute Cour de justice est inquiétant dans un pays habituellement soucieux du respect de la liberté de la presse", a également indiqué Reporters sans frontières.
Selon des sources anonymes citées par le Daily Mirror, une transcription de cinq pages d'une conversation entre George W. Bush et Tony Blair révèle que le président américain a envisagé l'éventualité d'une frappe militaire sur la chaîne satellitaire Al-Jazira, basée à Doha, au Qatar. Toujours selon le Mirror, Tony Blair craignait qu'une telle action dans la capitale du Qatar, pays allié des Américains dans le Golfe, conduise à des représailles.
Un porte-parole du gouvernement britannique a déclaré n'avoir "rien à dire sur cette affaire". La Maison Blanche a affirmé, dans un courrier adressé à l'Agence France-presse (AFP), que cette information était "farfelue" et "inconcevable".
Suite aux pressions exercées à l'encontre du Daily Mirror par le procureur général britannique, Lord Golsmith, le quotidien a accepté de ne plus publier d'informations sur ce sujet. D'autres quotidiens, tels que le Guardian et le Times, ont également affirmé avoir été menacés de poursuites. D'après la presse britannique, invoquer la section 5 de la loi sur les secrets officiels de 1989 constitue une "menace sans précédent". Deux personnes sont déjà poursuivies dans le cadre de cette affaire et sont accusées d'être à l'origine de la fuite du mémorandum dans la presse. Le parquet a réclamé un procès à huis-clos, interdit à la presse et au public.
De son côté, la chaîne satellitaire a indiqué qu'elle enquêtait sur les faits cités par le Daily Mirror et l'authenticité du mémorandum. La chaîne qatarie a affirmé qu'elle attendait une confirmation de Downing Street avant de tirer des conclusions. "Si le rapport est correct, cela serait inquiétant et choquant, et soulèverait de sérieux doutes sur la version américaine concernant de précédents incidents ayant impliqué des attaques contre les bureaux de la chaîne," a ajouté Al-Jazira.
Les locaux de la chaîne avaient été bombardés par les forces américaines le 12 novembre 2001 à Kaboul (Afghanistan) et le 8 avril 2003 à Bagdad (Irak).