Yémen : vingt journalistes disparus depuis 2015

D’après un décompte effectué par Reporters sans frontières (RSF), au moins vingt journalistes sont portés disparus au Yémen depuis le début du conflit en 2015. RSF s'alarme de cette situation et dénonce la pratique des disparitions forcées qui touche la profession à un rythme alarmant.

Au cours des dernières semaines, deux journalistes ont encore été enlevés par des hommes armés, ce qui porte le nombre total de disparus à vingt. Ces journalistes ont pour la plupart été kidnappés par des forces gouvernementales et non gouvernementales, et dans la majorité des cas, leurs proches n’ont aucune information précise sur leur lieu de détention ou sur le sort qui leur est réservé.

"Les journalistes yéménites sont pris pour cible presque systématiquement par des forces armées, peu importe où ils se trouvent, et doivent souvent justifier leurs écrits, s’alarme le bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières. En infligeant un tel traitement aux journalistes, les Houthis, comme les alliés de la coalition arabe, bafouent le droit à la protection des journalistes."

Mardi 6 août par exemple, à Aden, des hommes armés ont fouillé l’appartement de Eyad Saleh, rédacteur en chef du site Mareb Today. Ils l’ont ensuite conduit vers un lieu inconnu, rapporte le Media Freedom Observatory.

Dix jours plus tôt, le samedi 27 juillet, le journaliste Abdul Hafiz Al-Samadi (Akhbar Al-Yom), a été enlevé par un groupe d’hommes armés alors qu’il se dirigeait vers une épicerie dans le quartier d’Al-Jarda à Sanaa. Ce n’est que trois jours après son enlèvement que sa famille a reçu des nouvelles de lui par téléphone.

 “La seule chose que l’on sait, c’est qu’il est emprisonné et interrogé”, explique son frère Moaz. Au cours du bref appel, Abdul Hafiz Al-Samadi l’a aussi supplié de céder son ordinateur portable aux milices pour les informations qu’il contient “sinon ils vont tous vous arrêter”, a-t-il insisté.

Abdul Hafiz Al-Samadi avait contribué à plusieurs articles critiques des houthis. Depuis le début de la guerre en 2015, il s’était reconverti professionnellement par peur de se faire persécuter pour son travail. Un exemple suivi par un nombre considérable de journalistes, ce qui n’a pas empêché les milices de les retrouver a posteriori en raison de leurs écrits. Parmi eux, dix journalistes pris en otage par les Houthis à Sanaa en 2015, qui risquent la peine de mort.

Le Yémen occupe aujourd’hui la 168ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. 

Publié le
Updated on 13.08.2019