Yémen : un journaliste emprisonné par le gouvernement légitime en grève de la faim
Un journaliste basé en zone contrôlée par le gouvernement dit légitime, détenu sans charge ni jugement depuis bientôt deux mois et en grève de la faim, a été transféré à l’hôpital. Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération immédiate et sans condition.
Son épouse et ses enfants sont sans nouvelles de lui. Le photographe Abdullah Bukeir, basé dans la ville de Mukalla, située dans la province de Hadramout (contrôlée par le gouvernement reconnu par la communauté internationale et soutenu par la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite), est emprisonné depuis le 27 mai sans charge ni jugement.
Selon plusieurs médias locaux, Abdullah Bukeir, peu avant son arrestation, avait rencontré le gouverneur de la province lors d’une interview filmée et avait pris en photo une boîte de mouchoirs à son effigie qui se trouvait sur son bureau. Publiée sur sa page Facebook, l’image avait suscité beaucoup de moqueries et serait la cause de son emprisonnement. La famille du photographe affirme qu’il a été conduit dans la prison des services de renseignements militaires de la province, sur ordre du gouverneur lui-même.
Selon des informations obtenues récemment par RSF, Abdullah Bukeir a été transféré à l’hôpital un mois après son arrestation. D’après le syndicat national des journalistes, le photographe a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention et son état de santé s’est dégradé.
“Nous appelons les autorités à libérer Abdullah Bukeir sans condition, déclare Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF. Il est inacceptable que le pouvoir, qui plus est reconnu par la communauté internationale, emprisonne arbitrairement un journaliste qui n’a fait que partager une photo révélant une information d’intérêt général, et que ce dernier se retrouve aujourd’hui dans un état de santé si préoccupant qu’il a nécessité un transfert à l’hôpital.”
RSF rappelle que de l’autre côté du Yémen, dans les zones contrôlées par les rebelles houthis, quatre journalistes ont été condamnés à mort pour espionnage et risquent d’être exécutés. Leur avocat est en pleine procédure d’appel auprès de la Cour spéciale houthie à Sanaa.
Le Yémen occupe la 167e place au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.