Yémen : mort d’un journaliste à Aden

Un journaliste a été tué et neuf autres ont été blessés dans le sud du Yémen dans une série de déflagrations qui a visé l’aéroport d’Aden. Reporters sans frontières (RSF) demande l’ouverture d’une enquête internationale.

Un journaliste travaillant pour la chaîne Belqees TV, Adeeb Al-Janani, a été tué le 30 décembre alors qu’il couvrait l'arrivée à l’aéroport d’Aden, capitale de la province du même nom située dans le sud, des membres du nouveau gouvernement yéménite d’union. Le reporter décrivait en direct le chaos entraîné par une première explosion quand une deuxième déflagration l’a touché à son tour et a interrompu la liaison. Au moins 25 autres personnes ont péri dans cette série d’explosions qui a également fait une centaine de blessés, dont neuf journalistes, selon des sources locales. Certains témoins, dont un journaliste, évoquent des tirs de missiles. 


Rapidement, le gouvernement officiel, par la voix de son ministre de l’Information, a accusé les Houthis d'être responsables de l’attaque. L'avion arrivait en provenance de Riyad, où le gouvernement yéménite s'était exilé après la prise de Sanaa par les rebelles. L’Arabie saoudite, qui avait négocié un accord de partage du pouvoir dans le Sud, tentait depuis plus d'un an de former un nouveau gouvernement d'union afin de maintenir l'unité de la coalition face aux Houthis, sur le point de prendre le contrôle de Marib, dernier bastion du gouvernement dans le Nord. Un gouvernement d'union avait été formé le 18 décembre dernier.


La mort d’Adeeb Al-Janani rappelle les risques encourus par les journalistes yéménites et le courage dont ils doivent faire preuve pour couvrir l’actualité de leur pays, déplore la responsable du bureau Moyen-Orient a RSF, Sabrina Bennoui. Cette réalité ne doit pas cependant devenir une fatalité. Une enquête internationale doit être menée pour faire toute la lumière sur les circonstances de cet acte lâche et inacceptable afin d’identifier les responsables, qui doivent être poursuivis.”


En juin 2020, la région d’Aden avait vu la mort d’un autre journaliste, Nabil Hassan, photographe collaborateur de l’AFP. Il avait été visé sciemment par des hommes armés inconnus. Aucune enquête n’a permis de retrouver les coupables. 


Par ailleurs, neuf journalistes sont retenus en otages dans le pays, dont sept par les rebelles houthis, qui contrôlent l’ancienne capitale, Sanaa. Parmi eux, quatre risquent la peine de mort pour “espionnage au profit de l’Arabie saoudite” depuis leur condamnation, en avril 2020. 


Le Yémen occupe la 167e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.

Publié le
Updated on 06.01.2021