Yémen : arrestation arbitraire d’un journaliste par les services de renseignements

Reporters sans frontières demande aux autorités yéménites de libérer immédiatement le journaliste Sabri ben Mukhachin, arrêté sans motif légal par les renseignements militaires dans le sud du pays.

Le journaliste Sabri ben Mukhachin, qui travaille pour différents médias yéménites dont Thawra, Jomhoriya et Masila, est détenu sans motif légal depuis le lundi 3 décembre. Il a été arrêté par les renseignements militaires de la province de l’Hadramaout, sans être informé des charges qui pèsent contre lui, et sans ordre du parquet. Trois jours avant son arrestation, il avait dénoncé sur les réseaux sociaux la surveillance et censure en ligne exercées par le gouverneur de cette région orientale du sud du Yémen.

 

“Reporters sans frontières (RSF) exprime sa plus vive inquiétude et demande la libération immédiate du journaliste Sabri ben Mukhachin, déclare Sophie Anmuth, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF.  L’organisation rappelle que les autorités de la région de l’Hadramaout sont directement responsables de son sort et qu’il est totalement contraire au droit national et international de détenir une personne sans aucun chef d’accusation.”

 

Contacté par RSF, le responsable de l’unité des renseignements qui a arrêté le journaliste a reconnu que Sabri ben Mukhachin était détenu, sans être en mesure de préciser les motifs de cette détention.
Une source militaire citée par un média yéménite a affirmé que l’arrestation émanait de la sécurité d’Etat et a critiqué le traitement médiatique de l’arrestation du journaliste.

Le syndicat des journalistes yéménites a dénoncé une escalade de la répression contre les médias et alerté sur le fait que Sabri ben Mukhachin souffrait de diabète et que sa santé était fragile.  Sa famille et ses collègues se sont rassemblés ce jeudi 6 novembre devant le bureau du procureur de Moukalla, la capitale de la province de l’Hadramaout,demandant sa libération.

C’est au moins la deuxième fois cette année que les renseignements militaires de cette région arrêtent arbitrairement un journaliste. Le rédacteur en chef d’un journal pro-gouvernemental 30 Novembre,  Awad Kashmim, avait été arrêté à la fin du mois de février et avait passé un mois en détention.

Le Hadramaout est une province du sud du Yémen qui répond théoriquement à l’autorité du gouvernement yéménite, mais le sud est en grande partie sous l’influence de son puissant voisin émirati. La responsabilité des Emirats arabes unis est régulièrement pointée du doigt dans les exactions des forces militaires ou des milices yéménites. Les Emirats soutiennent le gouvernement yéménite dans le cadre de la Coalition arabe menée par l’Arabie saoudite qui s’est formée en 2015 pour intervenir dans la guerre civile yéménite.


Le Yémen figure à la 166e place (sur 180) du Classement 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

Publié le
Mise à jour le 06.12.2018