Une enquête fédérale doit sanctionner les abus policiers commis lors des émeutes à São Paulo

Reporters sans frontières appelle le Secrétariat aux droits de l’homme et sa ministre, Maria do Rosário, à diligenter une enquête sur les violences et les graves violations des libertés constitutionnelles commises par la police militaire (PM) de São Paulo au cours des manifestations contre la hausse des tarifs de transports publics. Ce processus doit s’appliquer, le cas échéant, aux autres villes où des exactions de même nature auraient été constatées. “La liberté de l’information compte parmi les garanties posées par la Constitution démocratique de 1988. La répression du mouvement social menée par la PM s’est accompagnée de sérieuses entorses à ce droit fondamental. De tels abus, assortis de d’arrestations et de violences ciblées contre certains journalistes, appellent un examen approfondi et des sanctions proportionnées. Les responsabilités des pouvoirs publics doivent être établies”, déclare Reporters sans frontières. Arrêté au cours de la journée de protestation du 11 juin, Pedro Ribeiro Nogueira était toujours incarcéré le surlendemain malgré une demande d’habeas corpus présentée par ses avocats. D’après nos sources, le journaliste de Portal Aprendiz doit recouvrer la liberté ce 14 juin. En espérant que cette libération intervienne au plus tôt, Reporters sans frontières exige que soit abandonnée l’accusation ahurissante de “constitution de bande criminelle” (formação de quadrilha) portée contre lui. La quatrième journée de manifestation, le 13 juin, s’est soldée par deux autres arrestations de journalistes, heureusement relâchés un peu plus tard. Le premier, Piero Locatelli, de l’hebdomadaire Carta Capital, a été appréhendé en plein centre de la mégalopole pour avoir transporté une bouteille de vinaigre, destiné à atténuer les effets de brûlures dues aux gaz lacrymogènes. Piero Locatelli avait pourtant dûment décliné sa fonction de journaliste auprès des policiers présents. Photographe du Portal Terra, Fernando Borges a été retenu quarante minutes par la police alors qu’il avait, lui aussi, présenté ses documents professionnels. Au cours de cette même journée, Giuliana Avallone, de TV Folha, a été atteinte à l’œil par le tir d’une balle en caoutchouc d’un policier de la Rota (unité d’élite de la PM de São Paulo). Son collègue du quotidien Folha de São Paulo, Fábio Braga, a été blessé au visage. Cinq autres journalistes du même média et deux autres issus du quotidien O Estado de São Paulo ont été les cibles d’attaques à la bombe lacrymogène. “Se souvient-on que la PM a été instituée sous la dictature militaire comme auxiliaire de l’armée ? Ses méthodes n’ont jamais évolué depuis les années de plomb”, nous déclarait le journaliste indépendant Ivan Seixas, coordinateur de la Commission de la Vérité de l’État de São Paulo (cf. rapport). Les derniers événements lui donnent raison.
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Updated on 16.10.2016