Une avocate au barreau de Paris plaide pour les journalistes emprisonnés

Le 22 février prochain marquera le troisième anniversaire de la rafle menée dans les locaux de la station Radio Bana, dans le centre-ville d'Asmara, au cours de laquelle une cinquantaine de journalistes avaient été arrêtés par les autorités érythréennes. La plupart avaient été relâchés, mais certains – au moins onze – sont toujours privés de leur liberté et retenus à l'isolement. Pour eux comme pour les autres journalistes, dont certains sont emprisonnés depuis septembre 2001, Reporters sans frontières continue de se mobiliser. Le 29 janvier 2012, Maître Prisca Orsonneau, avocate au barreau de Paris et coordinatrice du comité juridique de Reporters sans frontières, a participé à la finale du concours international de plaidoirie des droits de l’homme de Caen. Son discours intitulé « La belle Asmara privée de Jasmin » a permis symboliquement de défendre le journaliste suédo-érythréen Dawit Isaac et ses confrères emprisonnés en Erythrée, détenus depuis plus de dix ans sans jamais avoir été jugés. La plaidoirie a démontré que les règles du droit érythréen et les traités internationaux devraient accorder une protection à Dawit Isaac et à ses confrères détenus. Elle dénonce également la violation des droits les plus élémentaires des prisonniers, l’absence de système judiciaire indépendant ainsi que l’indifférence de la communauté internationale. Voir la plaidoirie en vidéo ici. Lire le texte en français : Cette plaidoirie s'inscrit dans le prolongement de l’action menée par le Comité juridique de Reporters sans frontières, en collaboration avec la section de l'organisation à Stockholm et deux juristes suédois, Jesus Alcala et Percy Bratt. Sur le fondement des dispositions constitutionnelles, du Code pénal et des engagements internationaux de l’Erythrée, un Habeas Corpus a été envoyé en juillet 2011 à la Cour suprême à Asmara. Ce recours demande la comparution immédiate de Dawit Isaac devant un tribunal. Les juridictions locales n’ont toujours pas accusé réception de la requête. Dans un contexte où aucun avocat érythréen ne peut s’opposer à la volonté des autorités et saisir la Cour, il est difficile de savoir si cette procédure aboutira et permettra d’obtenir des informations sur la situation des détenus. Naizghi Kiflu, conseiller du président Issaias Afeworki et ministre de l'Information à l'époque de la répression de septembre 2001, est décédé à Londres le 6 février 2012. Aux côtés de l'association britannique Redress et de la militante érythréenne en exil Elsa Chyrum, Reporters sans frontières avait plaidé, en vain, pour que celui-ci soit jugé et condamné pour actes de torture. La situation catastrophique de l'Erythrée reste globalement ignorée par la communauté internationale. Pour la cinquième année consécutive, le pays occupe la dernière position du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, dont l'édition 2011-2012 a été publiée le 25 janvier dernier. Avec au moins trente-quatre journalistes derrière les barreaux, l'Erythrée est la troisième plus grande prison du monde pour les journalistes, derrière la Chine et l'Iran. Plus d'informations sur la liberté de l'information en Erythrée : Lire la fiche pays de Reporters sans frontières sur l'Erythrée. Lire les derniers communiqués sur ce pays. Voir la dernière campagne de Reporters sans frontières sur l'Erythrée en français et en anglais. Voir la vidéo de présentation de Radio Erena, station érythréenne indépendante basée à Paris. Lire "Les Erythréens", de Léonard Vincent, un récit poignant paru en janvier 2012 aux éditions Rivages. Photo : Me Prisca Orsonneau.
Publié le
Updated on 20.01.2016