Un nouveau dispositif de communication dédié à la sécurité des journalistes créé au plus haut niveau de l’ONU
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a pris une mesure concrète en faveur de la sécurité des journalistes. Dans les situations d’urgence, la communication entre les Nations unies et les organisations de défense de la presse sera facilitée pour mieux coordonner les efforts des différentes instances onusiennes.
Le bureau du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a décidé de créer un canal de communication privilégié avec plusieurs organisations de défense de la liberté de la presse. Cet outil, dédié à la sécurité des journalistes, doit permettre une communication directe et permanente avec l’ONU en cas d’urgence. La décision d’Antonio Guterres fait suite à un entretien, en février dernier, avec Reporters sans frontières (RSF), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et l'Association Mondiale des Journaux et des Éditeurs de Médias d'Information (WAN-IFRA) au nom de la coalition #ProtectJournalists, qui plaide notamment pour la création d’un poste de protecteur des journalistes à l’ONU pour mettre en oeuvre la législation internationale sur la sécurité des journalistes.
Au cours de leurs discussions avec les membres du cabinet du secrétaire général de l’ONU, les représentants de la coalition #ProtectJournalists ont veillé à ce que ce nouveau mode de communication permette, en cas d’urgence, une mobilisation efficace des plus hautes instances de l’ONU ainsi qu’une meilleure coordination entre les fonds, les programmes et les institutions de l’ONU, comme le recommande le Plan d’action des Nations unies.
“Le secrétaire général Antonio Guterres nous a fait part de sa volonté de prendre des mesures immédiates pour améliorer la sécurité des journalistes sur le terrain et nous a indiqué que ses plus proches collaborateurs travailleraient en ce sens. Dans un second temps, il continuera à étudier notre proposition initiale, portant sur la création d’un poste de Représentant spécial des Nations unies Représentant spécial des Nations unies pour la sécurité des journalistes. Une proposition soutenue par une large coalition internationale composée de médias, journalistes, ONG et personnalités publiques”, a déclaré le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. “Nous apprécions grandement son engagement sur ce sujet et nous saluons la décision qu’il a prise. Les grands problèmes de ce monde, comme la question environnementale ou la lutte contre les extrémismes, ne trouveront pas d’issue sans le travail des journalistes.”
“Dans une période où les menaces envers les journalistes à travers le monde atteignent un niveau sans précédent, nous sommes reconnaissants envers le secrétaire général pour son engagement à défendre l’importance de la presse partout dans le monde et créer ce canal de communication permanent destiné aux situations d’urgence”, a affirmé pour sa part le directeur du CPJ, Joel Simon.
RSF et les membres de la coalition #ProtectJournalists doivent encore déterminer une procédure afin de répertorier les cas urgents puis les relayer auprès de secrétariat de l’ONU. Dans les prochaines semaines, RSF organisera une consultation avec des organisations de défense de la presse, œuvrant au niveau international et local, pour convenir des meilleurs façons de signaler au plus vite les urgences au secrétaire général.
Depuis l’adoption du Plan d’action des Nations unies en 2012, 508 journalistes et personnes travaillant avec des journalistes ont été tués à travers le monde, selon des données recueillies par RSF. Dans la majeure partie des cas, l'impunité reste la norme. D’après des études menées par la CPJ, au cours des dix dernières années, la justice a été pleinement rendue dans seulement 3 % des affaires de meurtre de journaliste.
CREDIT D'IMAGE: PATRICK HERTZOG / AFP