Un journaliste menacé pour sa couverture de la lutte antiterroriste

Reporters sans frontières dénonce les menaces dont a fait l'objet Tulkin Karaev, correspondant pour l'organisation britannique IWPR et la radio La Voix de la République Islamique d'Iran, de la part du service de la sécurité nationale (SNB). Le journaliste a été averti qu'il serait accusé de collaboration avec des extrémistes s'il ne modifiait pas sa couverture des actions entreprises par les autorités après les attentats qui ont secoué le pays fin mars 2004. "Preuve est faite que le pouvoir emploie des moyens illégaux pour faire pression sur les journalistes qui bravent la censure en Ouzbékistan. Tulkin Karaev n'a fait que rapporter des faits et des témoignages sur les méthodes violentes employées par les forces de l'ordre contre des musulmans. Ce comportement souligne l'opacité dangereuse dont les autorités ouzbèkes entourent tant la lutte antiterroriste que les actes terroristes eux-mêmes", a déclaré Reporters sans frontières. Le 15 avril, Tulkin Karaev, correspondant à Kachdaria pour l'organisation britannique d'aide au développement des médias IWPR et pour le service ouzbek de la radio La Voix de la République Islamique d'Iran, a reçu un appel d'un homme dénommé "Gouyam", se présentant comme un membre du SNB. Ce dernier a menacé de lancer à l'encontre du journaliste des poursuites judiciaires pour collaboration avec des extrémistes islamistes s'il n'arrêtait pas de diffuser de "fausses informations". Début avril, le journaliste avait, dans plusieurs reportages pour la radio iranienne, fait état des arrestations massives de musulmans accusés d'être des fondamentalistes et des terroristes. Il avait rapporté des témoignages sur les méthodes illégales et violentes des forces de l'ordre, dont le cas d'un imam sur qui la police aurait délibérément placé de la drogue lors de son arrestation. Fin mars 2004, une série d'explosions, attaques et attentats-suicides, suivis d'opérations policières à Tachkent et à Boukhara, ont fait 47 morts. Les incidents ont été attribués par les autorités à des islamistes radicaux et notamment au groupe Hizb-ut Tahrir, qui a démenti toute implication. Plusieurs journalistes se sont plaints de la pauvreté des informations données par les autorités, au détriment de l'intérêt public. La population a pris connaissance des explosions du 29 mars grâce aux chaînes de télévision russes et à des sites Internet, les chaînes et les radios ouzbèkes ayant tantôt retardé la diffusion de plusieurs heures, tantôt ignoré l'information.
Publié le
Updated on 20.01.2016