Un blogueur égorgé dans la capitale

Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat du blogueur Ahmed Rajib Haider, égorgé le 15 février 2013 près de son domicile du quartier de Palashnagar, une zone résidentielle de la capitale, Dacca. “Reporters sans frontières salue avec émotion le courage d’Ahmed Rajib Haider dans sa lutte pour l’information, et adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches. De tels crimes ne sauraient rester impunis, et nous exhortons les autorités bangladaises à user de tous les outils en leur possession pour identifier les responsables et commanditaires de cet odieux assassinat, et les traduire en justice dans les plus brefs délais”, a déclaré l’organisation. La police a trouvé le corps sans vie et de Ahmed Rajib Haider dans la soirée du 15 février. L’officier de police Ibad Ali, présent sur la scène du crime, a déclaré que son corps portait des traces de blessures par arme blanche. Architecte et blogueur âgé de 30 ans, Ahmed Rajib Haider faisait partie du réseau d’activistes de Shahbagh, et s’était rendu célèbre pour sa dénonciation de l’intégrisme islamiste. Sous le nom de plume Thaba Baba, il couvrait notamment sur le blog somewhereinblog.net les manifestations populaires ayant cours depuis le 5 févier au Bangladesh, réclamant la tenue de procès pour crimes de guerre des leaders islamistes au pouvoir durant la sanglante guerre de l’indépendance en 1971, lorsque le Bangladesh a fait sécession avec le Pakistan. La nouvelle du meurtre d'Ahmed Rajib Haider est intervenue peu après que les manifestants ont décidé de restreindre leur présence dans la rue à sept heures par jour. Dès lors, ils ont déclaré ne plus avoir l’intention de quitter les lieux. Le Premier ministre Sheikh Hasina a présenté samedi ses condoléances à la famille de la victime, et l’enquête a été transférée du commissariat de police de Pallabi au Service des enquêtes, pour identifier les commanditaires et exécuteurs de ce crime. A ce jour, 8 personnes auraient été interrogées par la police. Leur identité n’a pas été divulguée. La ligue Awami de Kapasia a organisé un deuil de deux jours, suggérant le port de badges noirs et l’installation de drapeaux noirs sur tous les établissements commerciaux et les maisons du district. Le drapeau national a été hissé hier matin sur toutes les écoles du district, et les élèves ont entonné l’hymne national en soutien aux manifestants de Shahbagh. Lundi 18 février, à 11 heures, ces derniers ont brandi des drapeaux noirs et observé une minute de silence. Un mois plus tôt, le 14 janvier 2013, le blogueur Asif Mohiuddin a lui aussi été victime d’une attaque à Dacca, à laquelle il a survécu, bien que grièvement blessé. Les violences commises à l’encontre des acteurs de l’information sont en nette hausse au Bangladesh. Au cours de l’année 2012, 4 journalistes ont été tués, plaçant le Bangladesh au 6ème rang mondial des pays les plus meurtriers pour la profession. Le pays est situé au 144ème rang sur 179 pays au classement 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016