Turquie : RSF demande l'annulation de la condamnation de Mehmet Altan et la libération de ses confrères
Reporters sans frontières (RSF) accueille avec un grand soulagement la libération de Mehmet Altan, dans la soirée du 27 juin 2018 en Turquie. Mais le célèbre journaliste et écrivain, qui aura passé près de deux ans en prison, est loin d’être tiré d’affaire.
“Après 21 mois d’une détention injustifiable, la libération de Mehmet Altan est un grand soulagement, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Nous demandons l’annulation de sa condamnation et la libération immédiate d’Ahmet Altan, Nazlı Ilıcak et de tous leurs confrères injustement détenus. Cette nouvelle doit encourager la communauté internationale à accroître ses efforts pour les journalistes turcs.”
Un tribunal régional d’Istanbul a ordonné la remise en liberté de Mehmet Altan, le 27 juin, en attendant la décision en appel sur sa condamnation à la prison à vie aggravée. D’ici là, le journaliste reste soumis à un contrôle judiciaire et il a l’interdiction de voyager. Le tribunal fonde sa décision sur un arrêt rendu en janvier par la Cour constitutionnelle, qui estimait que la détention provisoire de Mehmet Altan était injustifiée. Il aura donc fallu six mois pour que cet arrêt contraignant de la plus haute instance judiciaire turque soit enfin appliqué. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait rendu une décision similaire en mars.
Le tribunal a cependant refusé de libérer Ahmet Altan et Nazlı Ilıcak, condamnés comme Mehmet Altan à la prison à vie pour “tentative de renverser l’ordre constitutionnel”. Les trois journalistes avaient été arrêtés en septembre 2016 pour avoir critiqué les autorités au cours d’une émission de télévision, la veille de la tentative de putsch de juillet 2016. Leur condamnation sera examinée en appel le 21 septembre.
La Turquie occupe la 157e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2018 par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique sous l’état d’urgence proclamé à la suite de la tentative de putsch de juillet 2016 : près de 150 médias ont été fermés, les procès de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés.