Tentative de censure et intimidations contre deux médias

Reporters sans frontières dénonce la tentative de censure subies par l'agence de presse Pajhwok Afghan News et la station Radio Killid, après la diffusion d'informations concernant des échanges de tirs entre les hommes de main de deux députés, dans un hôpital de Kaboul, le 25 juillet 2012. La directrice du groupe de presse Killid Group, Najiba Ayubi, a par la suite été victime d'intimidations. "L'ingérence du pouvoir dans les activités de Radio Killid et de Pajhwok Afghan News est illégale et constitue une atteinte directe à l’indépendance de ces deux médias. Aucun responsable ou élu ne doit abuser de son pouvoir pour censurer des informations critiques à son égard et nuire ainsi à la liberté de la presse” a déclaré Reporters sans frontières. Le 25 juillet 2012, un homme aux ordres du député Mulavi Tarakhel s'est rendu dans un hôpital de la localité de Pul-i-Charkhi, à Kaboul, pour passer un examen médical. L'individu a insisté pour être reçu sans délai par un médecin mais s'est heurté au refus du personnel hospitalier et au mécontentement d'autres patients, parmi lesquels figuraient des hommes armés à la solde d’un autre député, Haji Allah Gul Mujahid. L'individu aurait quitté les lieux, avant de revenir, une heure après, et d’ouvrir indistinctement le feu dans l'hôpital. Des échanges de tirs ont débuté vers 17h30 et ont duré plus de sept heures, sans que les forces de l’ordre n’interviennent. La journaliste et directrice de Killid Group, Najiba Ayubi, dont les propos ont été relayés par Pajhwok Afghan News, a déclaré : "Nous avons mis à jour notre article, pour y citer des officiels des forces de sécurité. Nous avons également fait notre possible pour obtenir des commentaires des députés, mais nous n'avons pas pu les joindre." Après la diffusion de l'information par Radio Killid, un officiel du ministère de l'Information a téléphoné à la journaliste, le 27 juillet 2012 vers 7h30, pour lui demander de cesser de couvrir l’incident. Le ministère de l'Information a reconnu avoir appelé le groupe de presse Killid Group, mais a démenti avoir demandé le retrait de l'information. Après la diffusion de cette information, deux individus non identifiés se sont présentés au domicile de la journaliste, mais cette dernière n'a pas ouvert la porte. Suite à une plainte déposée par les deux députés mentionnés par les médias, le ministère de l'Information et de la culture a envoyé le dossier à la commission de vérification des délits des médias, et une réunion entre les députés et les responsables de Pajhwok Afghan News et Radio Killid s'est tenue, le 31 juillet. Durant la réunion, les députés ont demandé des excuses aux médias, qui ont refusé et se sont mis d’accord pour demander une enquête policière. Le 1er juillet, les députés ont demandé l’ouverture d’une procédure judiciaire à l'encontre des médias. “Nous regrettons que deux députés du Parlement utilisent leur pouvoir pour censurer des informations. Nous leur rappelons qu’ils disposaient, et disposent toujours, de la possibilité d’utiliser un droit de réponse, préférable en vu d’une solution apaisée à la situation. Nous soutenons Pajhwok Afghan News et Radio Killid, qui sont parmi les médias les plus professionnels du pays et nous demandons également aux autorités de garantir la protection de leurs journalistes, plus particulièrement à celle de Najiba Ayubi”, a conclu Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016