Tentative de censure d’un média par le représentant du Parlement maltais

Le président de la Chambre des représentants de Malte a ordonné au site d’infos The Shift News de rectifier un article à la demande d’un député. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette tentative de censure sans précédent venant d’une des plus hautes institutions de l’Etat.

A la suite d’une plainte d’un député maltais contre le site d’informations indépendant The Shift News, le président de la Chambre des représentants de Malte, Anglu Farrugia,  a ordonné au portail d'information de rectifier un article publié deux jours auparavant.

Cet article rapportait des propos tenus par le député, Glenn Bedingfield, qui avait qualifié de “mensonges de l’opposition” et de “désinformation” devant les membres du Parlement les révélations publiées récemment par Reuters et le Times of Malta  sur de supposés pots de vins versés à des responsables politiques maltais.  

 

En vertu de sa qualité de membre du Parlement,  le député a fait appel au président de la Chambre des représentants, requérant que l’article soit modifié plutôt que de demander un droit de réponse à The Shift News -bien le média n’ait pas déformé ses propos- ou de le poursuivre en justice en vertu de la loi sur les médias.

 

RSF dénonce vigoureusement une nouvelle dérive en matière de liberté de la presse à Malte, déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF. Le représentant de la plus haute institution du pays tente de censurer un média, portant atteinte à son indépendance dans le but de l’intimider. Si le député estimait que ses propos étaient dénaturés, il aurait dû faire valoir ses droits en vertu de la loi sur les médias plutôt que de demander au Parlement de censurer purement et simplement une publication.”

 

The Shift News a informé lundi 26 novembre le Président de la chambre qu'il ne modifierait  pas le contenu de l'article traitant du scandale dit des “17 Black”.

 

Au cours d’une mission internationale pour la liberté d'expression menée à Malte en octobre 2018, un an après l’assassinat de la  journaliste Daphne Caruna Galizia, RSF et cinq autres organisations ont constaté que les autorités maltaises ne respectaient pas leur obligation de protéger la liberté de la presse. Ce nouvel incident corrobore cet état de fait, à Malte qui occupe désormais la 65ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF 2018, après un recul de 18 places par rapport à l’année précédente.

Publié le
Updated on 30.11.2018