Taïwan: un ministre n’a pas à choisir les questions qu’on lui pose

RSF demande au ministre de la Défense taïwanais de revenir sur sa décision d’exclure une journaliste de ses points presse et rappelle qu’un serviteur de l’État n’a pas à choisir les questions qu’on lui pose.

Lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale concernant la disparition d’un avion de chasse au cours d’un exercice en mer, jeudi dernier, le ministre de la Défense taïwanais Feng Shih-kuan a publiquement insulté une journaliste de Radio Free Asia (RFA) et s’est vanté d’avoir demandé à son équipe de ne plus l’inviter dans le futur.


Le jour précédent, lors d’une conférence de presse du ministère, cette journaliste avait posé une question suggérant que le pilote disparu aurait pu trahir son pays et passer dans le camps chinois, ce qui a été vu comme irrespectueux à l’égard du militaire et de sa famille.


Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement les propos du ministre Feng et lui demande de revenir sans tarder sur cette décision. L’association demande aussi au premier ministre William Lai de s’assurer que ses collaborateurs respectent la liberté de la presse de la manière la plus stricte.


“Il n’appartient pas à un serviteur de l’État de décider quels journalistes sont autorisés à couvrir l’actualité, ni des questions qu’ils sont en droit de poser, estime Cédric Alviani, directeur du bureau RSF Asie de l’Est, basé à Taipei, rappelant que les journalistes “exercent un métier essentiel au fonctionnement des démocraties, dans lequel ils sont parfois amenés à poser des questions dérangeantes au nom de l’intérêt général.”


Taïwan est la seule démocratie du monde chinois. Dans l’index RSF de la liberté de la presse, l’île arrive 45ème au niveau mondial et numéro un en Asie. En juillet, la présidente Tsai Ing-wen avait reçu une délégation de RSF et fait état de sa volonté de poursuivre le développement de la liberté de la presse à Taïwan.

Publié le
Updated on 15.11.2017