Tadjikistan : RSF et NANSMIT réclament la libération de Khaïroullo Mirsaïdov

Reporters sans frontières (RSF) et l’Association nationale des médias indépendants du Tadjikistan (NANSMIT) dénoncent comme une grave menace à la liberté de la presse le verdict des plus sévères rendu à l’encontre de Khaïroullo Mirsaïdov. Le célèbre journaliste tadjik, directeur de l’équipe nationale de comedy club, a été condamné à douze ans de prison ferme.

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Le tribunal de Khodjent, dans le nord du Tadjikistan, a condamné Khaïroullo Mirsaïdov à douze ans de réclusion criminelle le 11 juillet 2018. L’ancien journaliste, devenu directeur de l’équipe nationale de comedy club, a été reconnu coupable de “détournement de fonds publics”, “falsification de documents” et “dénonciation calomnieuse”. Khaïroullo Mirsaïdov avait été arrêté le 5 décembre 2017, peu après la publication d’une lettre ouverte dans laquelle il accusait de hauts fonctionnaires de la région de Soughd de détournement de fonds.


“Malgré les dénégations des autorités, l’extraordinaire sévérité du verdict démontre le fondement politique de ce procès, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Nous demandons la libération immédiate de Khaïroullo Mirsaïdov et un réexamen impartial de l’affaire en appel. Nous exhortons les autorités tadjikes à garantir la primauté du droit et la liberté d’enquêter sur des sujets d’intérêt général.”


Nous avons suivi de près le procès de Khaïroullo Mirsaïdov et constatons que sa dénonciation de la corruption s’est retournée contre lui, ajoute Nouriddine Karchiboïev, président de NANSMIT. Ce verdict enterre tout espoir de lutte contre la corruption : plus personne n’osera désormais dénoncer de tels agissements.”


Bien que l’enquête n’ait pas été rendue secrète, le procès s’est déroulé à huis clos et les journalistes avaient un accès limité à l’information. La défense maintient que la culpabilité de Khaïroullo Mirsaïdov n’a été prouvée pour aucun des trois chefs d’accusation. Ses avocats ont annoncé qu’ils feraient appel du jugement en cassation dans les prochains jours.


Si la condamnation de Khaïroullo Mirsaïdov a suscité de nombreuses protestations, la réaction des autorités ne s’est pas fait attendre : le Parquet général du Tadjikistan a estimé, dans un communiqué du 12 juillet, que la couverture médiatique du verdict et les critiques à son encontre allaient “au-delà de l’éthique journalistique” et “pouvaient être considérées comme un obstacle au bon déroulement de la justice”. Des menaces voilées que RSF et NANSMIT considèrent comme révélatrices d’une profonde intolérance à la critique et comme une nouvelle tentative de priver les citoyens tadjiks de leur droit constitutionnel à la liberté d’expression.


Le Tadjikistan occupe la 149e place sur 180 au Classement mondial 2018 de la liberté de la presse, publié par RSF.

Publié le
Mise à jour le 16.07.2018

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