Syrie : l’otage Shiraaz Mohamed enfin libre, près de trois ans après son enlèvement
Le photojournaliste sud-africain Shiraaz Mohamed est désormais libre, après quasiment trois ans de captivité en Syrie. Reporters sans frontières (RSF) se félicite qu'il ait recouvré la liberté mais rappelle que des dizaines de journalistes sont toujours otages dans le pays.
L’annonce a été faite par l’ONG pour laquelle il couvrait la situation humanitaire en Syrie : la fondation sud africaine Gift of the Givers indique sur son compte officiel que le photojournaliste sud-africain Shiraaz Mohamed est parvenu à “échapper” à ses ravisseurs ce 15 décembre et a été confié aux renseignements turcs. Sa sortie de Syrie aurait été rendue possible par des “personnes amicales” qui l’ont aidé à être mis en sécurité. Selon le fondateur de l’ONG Imtiaz Sooliman, joint par la radio sud-africaine Voice of the Cape, le journaliste est désormais “en sécurité en Turquie” et “retournera bientôt en Afrique du sud via des canaux diplomatiques”.
Shiraaz Mohamed avait été enlevé en janvier 2017 près de la frontière turque, à Darkush, dans le nord de la Syrie. En août 2019, le photojournaliste était apparu dans une vidéo. Dans cette dernière preuve de vie depuis janvier 2018, il demandait au gouvernement de son pays de coopérer avec ses ravisseurs.
“Au-delà du soulagement de savoir que Shiraaz Mohamed va pouvoir bientôt retrouver les siens, cette libération est aussi un véritable espoir pour tous les journalistes dont nous avons perdu la trace en Syrie, réagit Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF. Près d’une trentaine de journalistes sont toujours aux mains de leurs ravisseurs dans le pays. Certains sont otages depuis 2012, leur calvaire n’a que trop duré, il est urgent que tout soit mis en oeuvre pour obtenir au plus vite leur libération.”
Dans les heures qui ont suivi la libération de Shiraaz Mohamed, plusieurs sources ont affirmé que les djihadistes de Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS) qui contrôlent la région d’Idlib, non loin de la Turquie, avaient revendiqué son enlèvement. Le groupe armé radical a nié toute responsabilité via son agence officielle Ebaa News, fustigeant des médias “qui veulent diffamer l’organisation et ruiner sa réputation” et arguant le fait qu’elle “apprécie les efforts des journalistes dans leur contribution à la couverture d’une partie de la réalité des zones libérées (contrôlées par le groupe djihadiste, ndlr), de la brutalité du régime et de l’occupant russe”.
Trois autres journalistes étrangers sont toujours retenus en otage en Syrie : le reporter américain Austin Tice, arrêté à un checkpoint à Damas en août 2012, ainsi que le reporter mauritanien Ishak Moctar et le caméraman libanais Samir Kassab, enlevés à Raqqa en octobre 2016 par les djihadistes de l’organisation Etat islamique lors d’un reportage pour Sky News Arabia. Par ailleurs, le journaliste britannique John Cantlie a lui aussi été enlevé par l’Etat islamique en Irak et a été aperçu pour la dernière fois à Mossoul, en décembre 2016.
En 2019, la Syrie occupe la 174e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.