Soudan: le conseil militaire de transition ordonne la fermeture des bureaux d’Al-Jazeera

Alors que les manifestations se poursuivent à Khartoum, le conseil militaire de transition a ordonné jeudi 30 mai la fermeture des bureaux de la chaîne d’information Al-Jazeera. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement cette décision des autorités qui multiplient depuis quelques semaines les entraves à la liberté d’informer.

Les services de sécurité et de renseignements soudanais (NISS) ont procédé le jeudi 30 mai à la fermeture des bureaux d’Al-Jazeera à Khartoum, sur décision du conseil militaire de transition, au pouvoir depuis la chute de l’ancien dictateur Omar El-Béchir le 11 avril dernier. Les autorités ont également ordonné le retrait immédiat des permis de travail des journalistes et correspondants de la chaîne qatarie sans préciser les raisons de cette décision soudaine. Selon des informations recueillies par RSF, le matériel de la chaîne a été mis sous séquestre, forçant l’arrêt complet de ses activités. Cette dernière a fait savoir qu’elle continuerait de couvrir les événements politiques du Soudan “"en dépit de cette ingérence politique des autorités soudanaises".


“Reporters sans frontières (RSF) condamne sans réserve cette décision indigne des autorités soudanaises censées accompagner la transition démocratique du pays. Nous appelons à la réouverture immédiate du bureau ainsi qu’à la réhabilitation de ses journalistes, pour leur permettre d’exercer leur métier et informer le public.”


Face à la présence des manifestants devant le quartier général de l’armée à Khartoum, point de ralliement des contestations depuis la chute d’Omar El-Béchir, les autorités ont durci le ton ce jeudi par la voix du général Bahar Ahmed Bahar, en invoquant des menaces pour la sécurité nationale. La crispation du conseil militaire de transition, dans cette période charnière, se traduit malheureusement par la multiplication des entraves à la liberté des journalistes et des médias à rapporter l’évolution politique du pays.


Le 15 mai dernier, l’organe de régulation des médias soudanais, contrôlé par les autorités de transition, avait interdit toute publications d’informations traitant de la corruption.


Au cours d’une manifestation des professionnels des médias la semaine dernière en face des locaux de la Télévision Nationale soudanaise, les services de sécurité ont arrêté six journalistes et employés de la chaîne publique.


Aussi, ce mercredi 29 mai, les forces militaire de soutien rapide ont effectué une descente dans les locaux de l’agence de presse Ramtam à Khartoum, arrêté trois journalistes présents, et confisqué une grande partie du matériel et des documents de l’agence.


Le Soudan occupe la 175e place sur 180 dans le Classement 2019 de la liberté de la presse établi par RSF.

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Mise à jour le 31.05.2019