RSF s'inquiète du projet de "repolonisation des médias" du gouvernement polonais

Le vice-ministre polonais de la Culture a annoncé mardi 21 mars qu’une nouvelle loi sur les médias visant à “repoloniser” la presse locale, en fixant des seuils de capitaux étrangers dans les groupes de presse, serait dévoilée d’ici à l’été.
Reporters sans frontières (RSF) dénonce ces nouvelles mesures qui portent atteinte au pluralisme.

C’est une lettre interne au groupe de presse germano-suisse Ringier Axel Springer, propriétaire de plusieurs médias en Pologne, qui a mis le feu aux poudres. Dans un courrier destiné aux salariés, Mark Dekan son président, se félicitait le 17 mars dernier de la reconduction du Polonais Donald Tusk à la tête du Conseil européen, ajoutant que la victoire revenait aussi à “tous les Polonais qui sont fiers d’appartenir à l’UE”. Varsovie s’était fortement opposée à ce choix.


Une remarque perçue par le gouvernement conservateur comme une “ingérence” dans les affaires intérieures du pays et une occasion rêvée pour celui-ci de réaffirmer sa théorie selon laquelle les entreprises à capitaux étrangers ne défendent pas suffisamment les valeurs polonaises.


Après avoir transformé les médias publics en outils de propagande et étranglé financièrement plusieurs titres de presse indépendants opposés à ses réformes, le parti ultraconservateur PiS (Droit et justice) s’attelle à un nouveau chantier.


Dès le 21 mars, le vice-ministre de la Culture, Jaroslaw Sellin, a donc évoqué l’élaboration d’un projet de loi sur la propriété des médias d’ici à l’été 2017. Les groupes de presse détenus par des propriétaires étrangers - qui comptent au sein de leurs rédactions des voix en désaccord avec le PiS- sont dans le viseur du gouvernement qui projette de les racheter pour les “repoloniser”. C’est le cas notamment de la chaîne de télévision TVN, contrôlée depuis mars 2015 par la société de médias américaine Scripps Networks Interactive mais aussi de l’hebdomadaire Newsweek, détenu par le groupe Ringier Axel Springer.


RSF dénonce cette nouvelle tentative du parti de museler la presse pour mieux étendre étendre son influence politique, déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF. Le projet des autorités de “repoloniser” la presse locale selon l’expression du gouvernement en utilisant des outils anti-monopole et en forçant les investisseurs étrangers à vendre leurs titres de presse met gravement en danger le pluralisme et la liberté des médias”.


La Pologne occupe la 47ème place (sur 180) au Classement mondial de la liberté de la presse RSF 2016.

Publié le
Updated on 23.03.2017