RSF s’inquiète de la perquisition d’une rédaction en Arménie

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la perquisition menée le 17 septembre dans les locaux du site d’information arménien Yerevan.Today, qui viole la protection des sources journalistiques.

Sept heures de perquisition : les policiers ont temporairement paralysé l’activité de Yerevan.Today, le 17 septembre 2018 dans la capitale arménienne, avant d’emporter une partie de son équipement informatique. Le rédacteur en chef du site d’information, Sevak Akopian, a fait état d’une autre perquisition à son domicile.


Assurant que l’opération n’avait “rien à voir avec les activités journalistiques” de Yerevan.Today, les autorités affirment qu’elle était nécessaire à leur enquête sur la récente diffusion dans les médias d’extraits de conversations téléphoniques entre deux responsables de haut rang. Le directeur du Service de la sécurité nationale, Artur Vanetsian, et le chef du Service d’enquête spécial, Sassoun Khatchatrian, ont été enregistrés à leur insu alors qu’ils discutaient des poursuites lancées contre l’ancien président de la République Robert Kotcharian et l’ancien ministre de la Défense pour la répression sanglante de manifestations en 2008. Les extraits diffusés laissent entendre qu’ils auraient cherché et obtenu l’aval du Premier ministre actuel pour procéder à l’arrestation des anciens dirigeants. Les deux responsables ont reconnu l’authenticité de cette conversation, tout en affirmant qu’elle était mal interprétée.


Mis en ligne sur YouTube, l’enregistrement a été largement relayé dans la presse arménienne le 11 septembre dernier. Les autorités accusent Yerevan.Today d’avoir brièvement publié la conversation deux jours plus tôt, avant de l’effacer. Ce que nie la rédaction, qui dénonce une campagne de calomnie fondée sur une erreur d’appréciation technique. Erreur jugée probable par des experts en sécurité informatique.


“La perquisition des locaux de Yerevan.Today et la saisie de son équipement constituent de graves violations du principe de la protection des sources journalistiques, garanti par la législation arménienne comme par la Cour européenne des droits de l’homme, déclare le responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF, Johann Bihr. Nous regrettons que les forces de l’ordre n’aient pas cherché un moyen moins intrusif et mieux proportionné de parvenir à leur but légitime.”


Un vaste mouvement de protestation pacifique en avril 2018 a abouti au départ du premier ministre Serge Sargsian, remplacé par le principal leader des manifestations, l’ancien journaliste Nikol Pachinian. Le nouveau pouvoir a promis de lutter contre la corruption et de respecter l’Etat de droit. L’Arménie occupe la 80e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018, établi par RSF.

Publié le
Updated on 18.09.2018