RSF réitère son soutien à la journaliste Jessikka Aro, privée du Prix du Courage aux Etats-Unis

Alors que le département d’Etat américain devait décerner le Prix international du Courage à la journaliste Jessikka Aro pour son travail sur la désinformation russe, l’administration américaine a décidé de ne plus la récompenser, sans donner de motifs clairs sur la raison de ce rétropédalage. En ligne de mire : ses tweets critiques envers Donald Trump.

Depuis 2014, la journaliste finlandaise Jessikka Aro enquête sans relâche sur les stratégies de désinformation russe, ce qui lui a valu d’être harcelée et menacée à de nombreuses reprises. Début janvier, l’administration américaine lui avait annoncé qu’elle était finaliste pour recevoir un Prix international du Courage décerné aux femmes… avant de rétropédaler quelques semaines plus tard, invoquant un “manque de coordination”. Foreign Policy évoque plutôt l’atmosphère d’auto-censure de l’administration américaine, qui aurait entre temps découvert les tweets de Jessikka Aro, critiques de l’administration Trump. “J’utilise Twitter pour échanger des idées et partager l’information librement, témoigne la journaliste finlandaise. L’idée que des officiels américains scrutent mon compte twitter en cherchant une interprétation politique à mes tweets est assez déroutante.”


Pour Reporters sans frontières, cette décision semble peu cohérente avec la philosophie du Prix décerné par l’administration américaine, et dont l’objectif est d’honorer les femmes “qui ont fait preuve d’un courage exceptionnel pour se battre pour la paix, la justice, les droits humains, l’égalité de genre et le renforcement des droits des femmes, souvent de manière risquée pour elles-mêmes.” La journaliste est visée par des campagnes de désinformation en ligne, depuis ses révélations en 2014 sur les usines à trolls russes. Deux de ses cyber-harceleurs proches du Kremlin ont par ailleurs été condamnés en octobre 2018.

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Mise à jour le 19.03.2019