RSF et JDS réclament la vérité sur la disparition de Prageeth Ekneligoda

Interview de l'ancienne rédactrice en chef du Sunday Leader, Frederica Jansz, aujourd'hui en exil : voir en fin d'article

Trois ans après la disparition, le 24 janvier 2009, du journaliste et caricaturiste freelance Prageeth Ekneligoda, Reporters sans frontières (RSF) et Journalists for Democracy in Sri Lanka (JDS) fustigent le sur-place des autorités en charge de l'enquête et demandent que justice soit rendue. “Prageeth n’a donné aucun signe de vie depuis trois ans, et l’enquête menée par la justice sri-lankaise est au point mort. L’immobilisme du gouvernement sri-lankais, et la récente destitution de la présidente de la Cour suprême, Shirani Bandaranayake, au profit d’un proche du président Mahinda Rajapakse prouvent, s’il en était encore besoin, que le clan Rajapakse consolide son emprise sur le pouvoir judicaire. Ce faisant, il empêche la vérité d'éclater dans de nombreuses affaires, notamment de liberté de la presse", ont déclaré RSF et la JDS. "En nommant Mohan Peiris, auteur de mensonges scandaleux proférés devant les Nations unies, Juge de la Cour Suprême, le chef de l'Etat sri-lankais signifie ouvertement sa volonté de mettre au plus vite un terme aux enquêtes sur la disparition de Prageeth et la mort de son collègue Lasantha Wickrematunga”, ont conjointement rajouté les deux organisations. Prageeth Ekneligoda a disparu le 24 janvier 2010, tandis qu’il quittait les bureaux du site d’informations Lanka-e-news. Les déclarations contradictoires de membres du gouvernement s’étaient alors succédées, et la police n’avait fourni que peu d'efforts pour tenter de le retrouver vivant. Le 9 novembre 2011, Mohan Peiris avait affirmé devant le comité contre la torture des Nations unies, à Genève, que Prageeth Ekneligoda était vivant et se cachait à l’étranger, avant de se rétracter devant la Cour de Colombo, en 2012. Caricaturiste de renom, Prageeth plaidait notamment, à travers ses œuvres, pour le respect de la démocratie et des minorités du pays. Sa disparition coïncide avec la réélection du président Mahinda Rajapakse, le 27 janvier 2010, qui s’est déroulée dans un contexte très tendu. Son épouse, Sandya Ekneligoda, a déposé plainte auprès de plusieurs postes de police et de la Commission nationale des Droits de l’Homme. Elle a par la suite tenté d’obtenir des soutiens internationaux, en se tournant notamment vers le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et le Représentant des Nations unies à Colombo. En mars 2012, elle s’est rendue à Genève pour témoigner devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Depuis 2009, les journalistes, particulièrement ceux qui cherchent à faire la lumière sur les violations des droits de l’Homme commises au cours des derniers mois de la guerre sanglante contre la rébellion tamoule, font face à une campagne de menaces et d’intimidations sans précédent, qui s’est encore accentuée en mars dernier, à l’approche de la tenue du Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies. Ce dernier avait alors adopté une résolution demandant au Sri Lanka de poursuivre les auteurs présumés de violations des droits de l’Homme durant le conflit. La commémoration de la disparition de Prageeth Ekneligoda succède à celle du 8 janvier, qui marque le triste anniversaire des quatre ans de l’assassinat du rédacteur en chef du Sunday Leader, Lasantha Wickrematunga. Un crime qui demeure également impuni. Le Sri Lanka fait partie des Pays sous surveillance et se situe à la 163ème place, sur 179 pays, du classement 2011-2012 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Dans ce pays, les journalistes subissent un climat d’insécurité et d’impunité permanentes, malgré la fin officielle de la guerre, en 2009. Reporters sans frontières a interviewé Frederica Jansz, journaliste sri-lankaise et ancienne directrice de la rédaction du journal d’opposition The Sunday Leader, qui a récemment quitté le pays suite à des menaces de mort répétées:
Publié le
Updated on 20.01.2016