RSF dénonce le harcèlement judiciaire à l’encontre du journal Azamn

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la censure assumée des voix indépendantes, après la condamnation à la prison ferme des journalistes d’Azamn et de la fermeture définitive du quotidien.

Le tribunal de première instance a rendu son verdict. Le rédacteur en chef Ibrahim Al-Maamari et le directeur de la rédaction Youssef Al-Hage du journal Azamn ont écopé de trois ans de prison ferme, d’une amende de 3.000 riyals omanais (7.000 euros), et d’une interdiction d’exercer le journalisme pendant un an. Zaher Al-Abri, responsable des pages locales, a pour sa part été condamné à un an de prison et à une amende de 1.000 riyals (2.300 euros). Le journal a lui été fermé définitivement.


M. Al-Maamari et M. Al-Hage sont accusés d’avoir porté atteinte au prestige de l’Etat, d’avoir troublé l’ordre public, d’avoir fait un mauvais usage d’Internet et d’avoir publié des informations sur un procès en cours, alors qu’un arrêté ministériel avait interdit toute publication sur cette affaire. M. Al-Abri est accusé d’avoir fait un mauvais usage d’Internet en vue de troubler l’ordre public.


Ce jugement inique vient confirmer la main de fer et l’intransigeance du gouvernement omanais à l’encontre de la presse libre, en dépit de la mobilisation internationale, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient. RSF demande aux autorités omanaises d’annuler la sentence, et de relâcher immédiatement les journalistes”.


Selon l’Observatoire omanais des droits de l’Homme, M. Al-Maamari et M. Al-Hage devront payer chacun une caution de 50.000 riyals omanais (110 000 euros) pour être relâchés provisoirement si jamais ils décident de faire appel. M. Abri devra lui s’acquitter de la somme 5.000 riyals (11 000 euros).


Les journalistes d’Azamn ont été arrêtés et poursuivis à la suite d’une publication le 26 juillet dernier sur des pressions gouvernementales au sein de la justice omanaise afin d’influencer un jugement dans une affaire d’héritage. Le journal, dans sa version papier et électronique, a lui été suspendu le 9 août dernier par le ministère de l’Information, en raison d’un entretien publié avec le vice-président de la Cour suprême qui confirme les soupçons de corruption. Ce dernier a été mis en résidence surveillée, selon une source de RSF. M. Al-Abri a lui été relâché provisoirement le 22 août dernier.


Conjointement avec le Comité de protection des journalistes (CPJ), RSF a adressé une lettre ouverte au Sultan Qaboos, le 24 août dernier, sans toutefois recevoir de réponse, afin qu’il intervienne pour mettre fin à la répression organisée contre le quotidien Azamn et préserver l’image du pays connu pour son rôle de médiateur dans les crises régionales.


Le sultanat d’Oman figure à la 125e place (sur 180) du Classement mondial de la liberté de la presse publié en 2016 par RSF.

Publié le
Updated on 27.09.2016