RSF dénonce l’arrestation de deux journalistes dans les locaux du Syndicat des journalistes

Reporters sans frontières (RSF) dénonce le raid policier qui a eu lieu dimanche 1er mai dans les locaux du Syndicat des journalistes au Caire et qui a conduit à l’arrestation de deux journalistes du site d’information Yanair. RSF dénonce ce climat de terreur à la veille de la journée internationale de la liberté de la presse et demande aux autorités de relâcher immédiatement les journalistes injustement détenus

Selon le président du Syndicat des journalistes, Yahia Qallash, près de 50 policiers habillés en civils ont investi de force le siège du Syndicat tard dans la soirée du dimanche 1er mai. Ils venaient arrêter deux journalistes du site d’opposition Yanair (Janvier), le fondateur et rédacteur en chef Amr Badr et le journaliste Mahmoud Saqqa qui avaient entamé un “sit-in” dans les locaux du Syndicat pour protester contre les mandats d’arrêt et perquisitions dont ils font l’objet. En réaction à cette attaque “sans précédent” dans les locaux du syndicat, les journalistes ont protesté et se mobilisent sur place et sur les réseaux sociaux pour demander la libération de leurs collègues et la démission du ministre de l’intérieur. L’ONG Journalists Against Torture a annoncé une grève de 24 heures en solidarité avec le syndicat. Ce dernier a convoqué une assemblée générale mercredi et annoncé un sit-in à l’intérieur du siège jusqu’à la tenue de cette assemblée.


“RSF condamne fermement cette descente dans les locaux du Syndicat des journalistes, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient. Nous demandons aux autorités d’intervenir pour libérer immédiatement les journalistes et obtenir l’abandon des charges à leur encontre. Les journalistes n’ont pas leur place en prison surtout lorsqu’ils sont uniquement coupables d’avoir été critiques du régime”.


Selon la charte du Syndicat, une perquisition du siège ne peut se faire sans la connaissance d’un membre du Parquet général, et la présence du président du Syndicat ou de son représentant. Le ministère de l’Intérieur s’est défendu dans un communiqué en niant que le bâtiment avait été pris d’assaut et rejetant toute accusation de violence. Il a assuré que les deux journalistes ont été arrêtés à la suite d’une décision du Parquet et en coordination avec un responsable de la sécurité du Syndicat, sans usage de la force. Les journalistes sont notamment accusés de diffusion de fausses rumeurs concernant la cession des deux îlots, Tiran et Sanafir, à l’Arabie saoudite, et d’incitation à manifester contre le pouvoir de Abdel Fattah al-Sissi.


Ce dimanche durant la journée, des forces de sécurité avaient empêché l’organisation d’une conférence au sein du Syndicat à l’occasion de la journée du Travail. Le 25 avril dernier, les forces de sécurité avaient arrêté pendant quelques heures des dizaines de journalistes venus couvrir des manifestations rapidement dispersées au Caire. L’accès au Syndicat des journalistes avait également été bloqué à de nombreux manifestants et journalistes. Une plainte avait alors été déposée par le Syndicat des journalistes contre le ministère de l’Intérieur concernant les exactions commises à l’encontre des journalistes lors de ces manifestations.


Pour rappel, le journaliste Mahmoud Saqqa avait été arrêté le 30 décembre 2015, accusé entre autres d’appartenir à un groupe illégal et relâché en attente des résultats de l’enquête début mars 2016.


L’Egypte est une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes après la Chine, l’Erythrée et l’Iran. Le pays figure à la 159ème place (sur 180) du Classement 2016 de la liberté de la presse établi par l’organisation.

Publié le
Mise à jour le 03.05.2016