RSF demande aux autorités turques de tout faire pour protéger les journalistes syriens

Deux semaines après l’assassinat à Istanbul d’une journaliste syro-américaine et de sa mère, ancienne journaliste et dissidente syrienne connue, Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités turques à tout mettre en oeuvre pour traduire les responsables du crime devant la justice.

Quinze jours après l’arrestation d’un suspect - un proche d’Orouba Barakat et de sa fille, Halla, qui ont été retrouvées assassinées à leur domicile à Istanbul le 21 septembre, ce dernier n’avait toujours pas encore été interrogé, ni déféré au parquet.


A ce stade, nous demandons aux autorités turques de faire preuve de transparence dans le traitement de cette affaire sensible, de faire toute la lumière sur ce double assassinat et de tout mettre en oeuvre pour traduire les responsables du crime devant la justice, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. Il s’agit non seulement de rendre justice à la famille des victimes, mais aussi de lutter de façon plus efficace contre l’impunité des crimes visant les journalistes syriens en Turquie depuis 2015”.


Les yeux de la communauté syrienne en Turquie sont rivés sur cette affaire, ce double assassinat étant venu accroître la peur de certains de connaître le même sort, en raison de leurs activités politiques ou journalistiques.

La soeur d’Orouba Barakat a estimé sur les réseaux sociaux que le crime devait être commandité par Damas. Selon les médias turcs, son frère, Maen Barakat, a de son côté déclaré à la police que sa soeur avait reçu, peu de temps auparavant, des menaces de mort par téléphone de personnes affirmant appartenir au groupe Etat islamique.


Halla Barakat était journaliste pour la chaîne syrienne d’opposition Orient TV et son site du même nom. Elle devait commencer à travailler pour le site d’information Montada Al-Sharq (Al Sharq Forum). Elle avait également été employée par la chaîne anglophone de la télévision publique turque (TRT).


Orouba Barakat, ancienne journaliste, est une célèbre militante politique de l’opposition syrienne. Elle était membre du Conseil National Syrien avant que celui-ci n’adhère à la Coalition nationale syrienne (CNS). Elle projetait également de créer une association pour venir en aide aux femmes syriennes arrivées en Turquie et victimes de répression et de violence.


Au moins trois autres journalistes syriens réfugiés en Turquie ont été assassinés dans des circonstances obscures depuis 2015. C’est le cas de Naji Jerf qui a été assassiné en plein jour en décembre 2015 à Gaziantep, au sud-est de la Turquie. En juin dernier, un suspect et membre du groupe EI a été condamné à la prison à vie par un tribunal sans pour autant que sa famille puisse être représentée lors de l’audience. Mais également les cas de Mohamed Zaher al-Sherqat, assassiné en avril 2016 à Gaziantep, de Ibrahim Abdelqader et son ami Fares Hammadi assassinés à Urfa en octobre 2015.


La Turquie occupe la 155e place sur 180 au Classement mondial 2017 de la liberté de la presse, établi par RSF.

Publié le
Updated on 05.10.2017