RSF appelle l’ONU à reconnaître la détention arbitraire d’un journaliste camerounais

A l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue à Paris ce mercredi 16 janvier, Reporters sans frontières (RSF) a annoncé la saisie du groupe de de travail sur la détention arbitraire des Nations unies concernant l’ancien patron de la radio et télévision publique camerounaise incarcéré à Yaoundé depuis près de deux ans et demi.

Alors qu’Amadou Vamoulké comparaîtra mardi 22 janvier pour la seizième fois consécutive dans son procès devant le Tribunal criminel spécial du Cameroun, RSF vient de déposer une requête auprès du groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire (UNWGAD). L’annonce a été effectuée lors d’une conférence de presse pour demander la libération de cet ancien patron de la radio et télévision publique camerounaise (CRTV) à Paris ce mercredi 16 janvier.  


Amadou Vamoulké est officiellement poursuivi pour ”détournement de fonds publics”, non pas à des fins personnels, mais au seul profit de la chaîne de télévision publique qu’il a dirigée entre 2005 et 2016. Aucun élément à charge ni aucun témoin n’ont été apportés par l’accusation depuis le début de son procès dont la plupart des 15 audiences qui se sont déjà tenues n’ont duré qu’une poignée de minutes. La première de ces audiences s’est tenue il y a près d’un an et demi alors que les magistrats ont au maximum neuf fois pour rendre leur décision selon la loi camerounaise portant création du Tribunal criminel spécial.


“Après deux ans et demi derrière les barreaux sans avoir été condamné, le caractère arbitraire de la détention ne fait aucun doute. Il est essentiel qu’il soit reconnu par l’ONU afin d’accentuer la pression sur les autorités camerounaises pour obtenir sa libération, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Maintenir Amadou Vamoulké en prison revient à s’attaquer à la vision d’un journalisme indépendant et éthique qu’il a défendu tout au long de sa carrière. Nous exhortons le Tribunal criminel spécial à mettre fin à cet acharnement judiciaire en ordonnant sa remise en liberté immédiate lors de sa prochaine audience”.


En décembre dernier, RSF avait publié les résultats de son enquête sur Amadou Vamoulké, salué par ses pairs camerounais et étrangers comme un modèle de professionnalisme, d'intégrité et d’indépendance. Ses ex-collaborateurs joints par notre organisation insistaient notamment sur l’audace éditoriale qui prévalait sous sa direction, l’ancien patron de la CRTV n’hésitant pas à envoyer ses équipes sur les sujets sensibles y compris celui de la lutte contre le terrorisme dans le nord du pays. Amadou Vamoulké est également connu pour être un fervent partisan du pluralisme médiatique, militant pour l'ouverture du secteur audiovisuel camerounais, et un ardent défenseur de la liberté de la presse, prônant la dépénalisation des délits de presse dans son pays.


RSF continue à se battre pour mettre fin à la détention de journalistes au Cameroun. Notre organisation avait dénoncé les 29 mois d’emprisonnement du correspondant de RFI Ahmed Abba, finalement libéré le 22 décembre 2017.


Le Cameroun occupe la 129e place du Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF.

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Mise à jour le 16.01.2019