RSF appelle le nouveau Premier ministre japonais à prendre un tournant en faveur de la liberté de la presse

Reporters sans frontières (RSF) appelle le nouveau Premier ministre japonais, Yoshihide Suga, à faire en sorte que le Japon, 66e sur 180 au Classement mondial RSF de la liberté de la presse alors qu’il était 22e en 2012, montre à nouveau l’exemple.

Yoshihide Suga, 71 ans, un ancien ministre des Affaires intérieures et des Communications, a été nommé mercredi 16 septembre 2020 Premier ministre du Japon suite à la démission de son prédécesseur Shinzo Abe, dont il était le secrétaire général du cabinet depuis 2012. Suga, que l’on décrit souvent comme le bras droit d’Abe, porte sa part de responsabilité dans le climat d’hostilité envers les journalistes instauré par le précédent gouvernement et les tentatives d’interférence envers les médias qui lui ont été imputées.


Lors d'une conférence de presse en 2019, Suga avait publiquement refusé de répondre aux questions d'une journaliste du Tokyo Shimbun au motif qu'il n'était « pas obligé » de le faire, s’attirant les foudres des médias. Suga a aussi été impliqué dans la réduction drastique, sous le prétexte de la pandémie de Covid-19, du nombre de journalistes invités aux conférences de presse du gouvernement.


« En tant que dirigeant du Japon, pays démocratique et troisième puissance économique du monde, Yoshihide Suga a désormais le devoir de défendre la liberté de la presse et a tout à gagner à ce que son pays redevienne un modèle dans ce domaine, insiste Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l'Est de Reporters sans frontières (RSF), qui appelle le nouveau Premier ministre à « faire en sorte que tous les médias puissent accéder aux conférences de presse du gouvernement et que toute forme de discrimination entre les journalistes soit proscrite ».


Le Japon respecte globalement les principes de liberté et de pluralisme des médias, mais les journalistes peinent à exercer pleinement leur rôle de contre-pouvoir face au poids des traditions et des intérêts économiques. Sur les réseaux sociaux, les groupes nationalistes harcèlent les journalistes qui traitent de sujets considérés comme « embarrassants » pour l’image du pays, comme la catastrophe nucléaire de Fukushima ou la présence militaire américaine à Okinawa. 


Le rapporteur spécial des Nations Unies pour la liberté d’expression, David Kaye, avait exprimé en 2017 son inquiétude au sujet de la liberté de la presse au Japon et noté une aggravation de la situation en 2019.


Le Japon se situe au 66e rang sur 180 au Classement mondial RSF de la liberté de la presse 2020, alors qu’il était au  22e rang en 2012.

Publié le
Updated on 16.09.2020