​RSF appelle le gouvernement des Maldives à cesser de démanteler la presse critique et indépendante

Alors que l’un des propriétaires et rédacteur en chef du journal en ligne Channel News Maldives (CNM) a déclaré avoir été contraint de fermer son média sous la pression du gouvernement, Reporters sans frontières s’inquiète du durcissement des autorités vis-à-vis des voix critiques à son encontre. L’organisation demande au Commonwealth de réagir dans les plus brefs délais.


Le 25 juin, en réponse à l’autocensure des actionnaires du média, qui avaient affirmé que la fermeture de Channel News Maldives (CNM) résultait d’une décision économique, son rédacteur en chef Ismail Rasheed a publié un communiqué détaillant les raisons de la disparition du journal en ligne. «Au départ, des tentatives ont été faites pour acquérir la société et la transformer en un site d’information pro-gouvernemental. Quand cela n’a pas réussi, des pressions ont été exercées afin de fermer définitivement la société». Expliquant avoir résisté autant qu’il lui était possible, Ismail Rasheed affirme avoir été contraint d’accepter, «afin que l’homme d’affaires derrière CNM ne rencontre pas davantage de problèmes professionnels et pour s’assurer que les archives des cinq dernières années ne soient pas détruites».


«La fermeture de Channel News Maldives est une très mauvaise nouvelle pour le pluralisme et la démocratie aux Maldives, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. La disparition de l’un des derniers médias osant encore critiquer le gouvernement s’accompagnera inévitablement d’une hausse de l’autocensure dans les rares médias indépendants qui continuent d’opérer. Ces pressions émanant du gouvernement doivent cesser. Il est urgent le Commonwealth réagisse afin de ne pas laisser l’archipel sombrer dans un système politique où seules les opinions favorables au pouvoir en place auront droit de cité.»


La fermeture de CNM survient dans un contexte de répression accrue de la presse. Le 12 avril 2016, la Cour suprême entérinait la disparition du plus vieux quotidien indépendant du pays, Haveeru, après avoir validé la décision de la Haute Cour en août 2015 de diviser la propriété du média, entraînant l’arrêt de la publication et la fermeture de son site web. Dans les jours qui ont suivi, l’Autorité des communications des Maldives, à la solde du gouvernement, a ordonné aux trois fournisseurs d’accès à Internet du pays de bloquer le site d’information indépendant Addu Live. D’après les responsables du site, ce blocage résulterait de sa couverture d’affaires de corruption impliquant des officiels du gouvernement. Seize journalistes avaient été arrêtés le 3 avril 2016 par la police de Malé lors d’une manifestation contre la répression de l’information par le gouvernement.


L’archipel des Maldives est classé 112e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières, soit une chute de 60 places depuis 2010.

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Mise à jour le 30.06.2016