RSF appelle au renforcement de la sécurité des journalistes couvrant l’élection présidentielle

A trois jours de l’élection présidentielle afghane, Reporters sans frontières réitère son appel, à l’attention de tous les médias locaux, au renforcement des dispositifs de protection de leurs journalistes et en particulier des reporters présents devant les bureaux de vote provinciaux. Au cours des dernières semaines, le niveau d’insécurité pour les professionnels des médias a considérablement augmenté. L’assassinat du reporter de la radio suédoise Sveriges Radio, Nils Horner, perpétré en plein jour, le 11 mars dernier, et les autres attaques indiscriminées contre la population civile illustrent la volonté des différents prédateurs de la liberté de la presse d’instaurer un climat de terreur et de saboter le processus démocratique en cours. Même si elle n’est pas le fruit d’une attaque ciblée à son encontre, le décès du journaliste afghan et correspondant pour l’AFP, Sardar Ahmad, au cours d’une attaque des taliban qui a fait 8 morts dont la femme et deux des enfants du journaliste, a été ressenti par la profession comme un rappel du climat de terreur que les taliban souhaitent instaurer. “Le fait que ces deux attaques se soient déroulées dans des lieux réputés sûrs de la capitale, ne peut qu’avoir un effet dissuasif sur les médias qui s'apprêtent à couvrir le scrutin. Ces violences expliquent en partie le retrait de certains organismes étrangers d’observation des élections, rendant la transparence du processus davantage dépendante de la présence des journalistes afghans et étrangers”, déclare Réza Moïni, responsable du bureau Iran-Afghanistan de Reporters sans frontières. “Nous restons cependant optimistes. La plupart des médias ont redoublé d’effort pour assurer une bonne couverture de la campagne électorale et semblent déterminés à prendre les mesures préventives nécessaires le 5 avril prochain. Nous tenons à leur réaffirmer notre soutien et les encourageons à continuer de faire de la sécurité des reporters leur priorité”, ajoute Réza Moïni. Reporters sans frontières préconise particulièrement aux rédactions afghanes l’instauration des mesures suivantes : - Maintenir un contact permanent avec les journalistes ou mettre en place des communications régulières entre les rédactions et les journalistes sur le terrain, - Fournir des équipements de protection aux journalistes les plus exposés mais aussi aux collaborateurs des médias (conducteurs de véhicule des médias, techniciens...etc), - Donner des consignes claires en cas de violence ou d’attentat, tel que l’éloignement de toute zone théâtre d’un attentat, pour éviter notamment aux journalistes de s’exposer à une double explosion (“twin blast”) Aux journalistes, l’organisation rappelle : - qu’ils doivent réagir avec le plus haut degré de précautions à tout menace, information voire même rumeur relative à une attaque, - que ces informations doivent être transmises à leur rédaction, mais qu’un droit de retrait s’applique dès lors qu’ils sont en première ligne et sont de fait les plus à même d’évaluer les risques auxquels ils font face, - que si leur rôle est crucial pour le bon déroulement d’un processus démocratique historique, leur propre sécurité doit rester leur première préoccupation. Reporters sans frontières a récemment publié un rapport d’enquête intitulé "Élection présidentielle en Afghanistan : les médias locaux en première ligne", qui dresse un bilan de la situation de la liberté de la presse dans le pays et soulève les incertitudes et dangers qui continuent de menacer les médias locaux, notamment dans le nord du pays. Fruit d’une enquête de terrain menée en septembre 2013, le rapport dénonce l’impunité des crimes contre les médias et présente les recommandations de l’organisation aux autorités actuelles, ainsi qu’au futur gouvernement. L’Afghanistan demeure à la 128ème position sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014. Le rapport d’enquête est disponible en quatre langues : Lire en français Read in English Lire en Persan (فارسی/دری) Lire en Pashto (پشتو)
Publié le
Updated on 20.01.2016