Reporters sans frontières exige l'abandon des poursuites contre un journaliste inculpé pour "propagation de fausses nouvelles"

Reporters sans frontières demande au juge Mohammad Ismaïl Abdel Kader du tribunal de Sanaa d'abandonner les poursuites engagées contre le journaliste Saïd Thabet Saïd, accusé de "propagation de fausse nouvelle préjudiciable à l'intérêt public et à la sécurité". Saïd Thabet Saïd devrait comparaître devant le tribunal de Sanaa, le 10 mars 2004, lors d'une seconde audience. Il encourt une peine pouvant aller jusqu'à un an de prison et une amende d'un montant équivalent à 100 dollars environ. "L'arrestation en pleine rue d'un journaliste et sa détention pendant près de soixante-douze heures, comme s'il s'agissait d'un criminel, sont des violations graves et inadmissibles de la liberté de la presse", a déclaré l'organisation. "Il s'agit maintenant de rectifier ces erreurs en abandonnant toute poursuite contre ce journaliste et en apportant des garanties à l'ensemble de la profession intimidée par de telles méthodes. Le code de la presse devrait en outre être amendé, en concertation avec les organisations professionnelles de journalistes, afin de supprimer les peines de prison pour les délits de presse", a ajouté Reporters sans frontières. Saïd Thabet Saïd, correspondant de l'agence Al-Qods Press, basée à Londres, et membre du syndicat des journalistes yéménites, a été interpellé par la police le 5 mars à Sanaa. Les services de sûreté de l'Etat lui reprochent d'avoir annoncé que le fils du président Ali Abdallah Saleh, chef de la garde républicaine et des forces spéciales, aurait été victime d'une tentative d'attentat. L'information a été aussitôt démentie par les autorités et qualifiée d'"allégation mensongère propagée pour nuire au Yémen". Le journaliste a été détenu pendant près de soixante-douze heures avant d'être présenté devant un juge, le 8 mars. Celui-ci a ordonné sa remise en liberté jusqu'à sa nouvelle comparution le 10 mars. Reporters sans frontières souligne qu'il s'agit de la seconde interpellation d'un journaliste au Yémen en moins d'un mois. Le 24 février, Najeeb Yabli, du quotidien Al-Ayyam, a été interpellé pendant une douzaine d'heures par les services de la sécurité politique d'Aden (sud du pays), pour avoir écrit que la politique du président yéménite et celle des Etats-Unis ne seraient que "les deux faces d'une même pièce".
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Updated on 20.01.2016