Reporters sans frontières demande au Parlement européen le vote d’une résolution condamnant la nouvelle loi sur les médias
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Contre vents et marées, et malgré les condamnations unanimes des principales organisations internationales de défense de la liberté de la presse, le Parlement hongrois a adopté le 21 décembre 2010, à une large majorité (256 pour et 87 contre), la loi controversée visant à réorganiser les médias publics et à instituer un Conseil des médias aux pouvoirs totalement disproportionnés.
Nommés directement par le gouvernement, les cinq membres du Conseil des médias disposent non seulement d’un droit d’inspection mais peuvent aussi infliger des amendes sévères (jusqu’à 700 000 euros pour les télévisions et 89 000 euros pour les publications sur Internet) aux organes de presse dont les productions « ne sont pas équilibrées politiquement » ou « portent atteinte à la dignité humaine ». L’offense aux religions et à la nation rentre dans le champ de leurs compétences. La loi peut également forcer les journalistes à révéler leurs sources sur des questions liées à la sécurité nationale. Le gouvernement hongrois qui entend organiser le « juste équilibre » de l’information n’a, par ailleurs, pas jugé bon de respecter, lui-même, ce principe lors de la nomination des membres du Conseil qui appartiennent tous au parti majoritaire Fidesz. L’opposition est curieusement absente de cet organe.
Prix Sakharov 2005, Reporters sans frontières demande au Président et au bureau du Parlement européen de mettre d’urgence ce point à l’agenda de la prochaine séance plénière. Nous espérons qu’un débat aura lieu, qu’une résolution sera votée, condamnant cette nouvelle loi et demandant au gouvernement et au Parlement hongrois de prendre les dispositions nécessaires pour empêcher son application. Le Parlement européen doit user de toute son influence pour que ce texte soit entièrement revu, en concertation avec les organisations professionnelles.
La Commission européenne et le président du Conseil européen doivent également sortir de leur silence et exiger du gouvernement hongrois qu’il rende caduque l’application de cette loi incompatible avec les standards démocratiques. Ces deux organes sont garants de l’application des traités qui assurent une égalité de droits à tous les citoyens européens. Cette loi sur les médias prive les citoyens hongrois de leur droit légitime et fondamental à une liberté d’informer ou d’être informé en toute indépendance.
La notion d’ « équilibre correct de l’information », instaurée par cette loi, n’a pas sa place dans le vocabulaire d’un état membre de l’Union européenne. Débattre ou mettre en cause la déontologie des médias est bien évidemment toujours possible, mais vouloir l’organiser par la loi, dans un tel flou, et au mépris des principes repris dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne est tout simplement inacceptable.
La crédibilité de la présidence hongroise se trouve clairement affaiblie. Comment peut-on prétendre mener les dialogues sur les droits de l’homme entre l’UE et des pays tels que la Russie ou la Chine quand on légifère de cette manière ? Comment la Hongrie, qui a fait de l’élargissement de l’Union européenne et de la politique de voisinage une de ses priorités, entend-t-elle exiger des pays candidats dans les Balkans des efforts probants dans le respect de la liberté de la presse quand elle met en place un système qui serait, fort légitiment, condamné par l’Union européenne s’il devait apparaître chez ses voisins.
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Updated on
20.01.2016