RDC : un journaliste poursuivi pour violation des règles sanitaires liées au coronavirus

Un journaliste congolais, accusé d’avoir violé les règles sanitaires en vigueur, fait l’objet de poursuites après avoir été détenu arbitrairement. Reporters sans frontières (RSF) demande l’abandon de toutes les charges et rappelle que le journalisme fait partie des activités essentielles en période de crise.

Après trois jours passés derrière les barreaux, Faustin Mbiya a retrouvé la liberté, non sans devoir préalablement verser une caution d’un montant de 300 000 francs congolais (environ 160 euros). Le directeur des programmes de la radio privée Fondation Daniel Madimba (FDM) est accusé de “violation des mesures d’urgence sanitaire” et “outrage à l’autorité provinciale”. Il a été interpellé le 9 mai dernier alors qu’il rentrait du tournage d’une émission dans le territoire de Tshilenge dans la province du Kasaï-Oriental au sud-est de la République démocratique du Congo (RDC).


Nous appelons les autorités à abandonner toutes les charges qui pèsent contre ce journaliste qui n’avait rien à faire en prison, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Les autorités et les forces de sécurité congolaises doivent laisser les journalistes travailler librement. Leur mission d’information est absolument essentielle pour lutter efficacement contre l’épidémie de coronavirus. Cette nouvelle incarcération d’un  journaliste témoigne aussi de l’urgence d’adopter un moratoire sur les arrestations de journalistes en RDC. Seules des décisions politiques fortes de ce type, prises au plus haut sommet de l’Etat, seront en mesure de faire baisser les exactions, encore très nombreuses, contre les journalistes exerçant en RDC.”


Selon les informations recueillies par RSF depuis le début de l’épidémie, 26 journalistes ont été arrêtés en lien avec leur couverture du coronavirus en Afrique subsaharienne. Par ailleurs, une vingtaine de reporters ont été agressés alors qu’ils tentaient de collecter des informations sur l’épidémie. Dans 90% des cas, ces agressions ont été commises par des éléments des forces de sécurité. C’est ainsi que le journaliste de la chaîne Alfajari TV, Tholi Totaly Glody, a été sciemment renversé par des policiers  alors qu’il circulait en moto, en mars dernier, dans le cadre d’un reportage sur le respect des mesures de confinement. 


 La RDC occupe la 150e place à l’édition 2020 du Classement mondial de la liberté de la presse récemment publié par RSF. 

Publié le
Updated on 15.05.2020