RDC: “Peter Tiani n’a rien à faire en prison”
Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate du journaliste Peter Tiani, arrêté pour diffamation le 7 novembre 2018 après avoir relayé des informations sur le vol présumé d’une forte somme d’argent au domicile du Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC).
Cela fait maintenant presque un mois que Peter Tiani, directeur du magazine d’information Le Vrai Journal, est maintenu en détention à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Interpellé le 7 novembre dernier pour “diffamation, calomnie et imputations dommageables” après avoir relayé un article de ScoopRDC.net sur la disparition d’une importante somme d’argent au domicile du Premier ministre, Bruno Tshibala, le journaliste sera de nouveau auditionné ce mardi 4 décembre par la Chambre du conseil. Cette dernière, qui ne statue pas sur le fond, a la possibilité de décider d’une éventuelle prolongation de sa détention provisoire pour 30 jours à la demande de l’accusation. Or aucun acte de procédure susceptible de justifier le maintien en détention provisoire n’a été posé depuis l’arrestation du journaliste. Peter Tiani étant accusé de diffamation, il risque jusqu’à un an de prison.
“Ce journaliste n’a rien à faire en prison. Les accusations de diffamation dont il fait l’objet peuvent être examinées sur le fond sans attendre et ne justifient en aucun cas son maintien en détention provisoire, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Alors que de nombreux médias ont relayé ces mêmes informations, Peter Tiani est le seul journaliste à avoir été inquiété. A moins de trois semaines de l’élection présidentielle, cette détention s’apparente à une forme de représailles personnelles ou à une volonté de faire taire un journaliste à la fois populaire et critique des actions du gouvernement”.
Peter Tiani est un journaliste politique écouté, comptant plus de 5000 followers sur son compte Twitter et plus de 8000 abonnés sur sa chaîne YouTube. Ses confrères et consoeurs congolais ont d’ailleurs témoigné de leur soutien en manifestant le 23 novembre dernier, devant le bureau du Premier ministre, puis devant sa propriété.
Quelques jours avant son arrestation, Peter Tiani avait alerté par le biais de son compte Twitter des menaces qui pesaient sur lui en raison de ses émissions consacrées au Premier ministre. En décembre 2017, il avait diffusé sur YouTube une chronique “Devoir de mémoire” rassemblant des propos critiques tenus par Bruno Tshibala contre le président Joseph Kabila lorsqu’il était encore l’un de ses opposants.
La République démocratique du Congo occupe la 154e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.