RDC : “aucun journaliste ne devrait être en prison pour diffamation”(RSF)

Reporters sans frontières (RSF) se joint à son organisation partenaire Journaliste en danger (JED) pour demander la remise en liberté immédiate d’un journaliste congolais détenu depuis le début de la semaine alors qu’il est poursuivi pour des faits de diffamation. Ce type de détentions préventives abusives justifie l’urgence de changer la loi répressive sur la liberté de la presse toujours en vigueur en République démocratique du Congo (RDC).

Cela fait déjà quatre jours qu’Achiko Ngaya, directeur des Nouvelles du soir, est incarcéré. Le journaliste a été arrêté lundi 21 octobre à son domicile. Selon Journaliste en danger (JED) qui a pu s’entretenir avec son avocat, le directeur de publication a été interrogé à propos d’un article intitulé “Ecobank, sur les traces de la Biac” dans lequel figurent des témoignages de clients sur les dysfonctionnements de la banque.


“Placer ce journaliste en garde à vue puis en détention préventive revient à le considérer comme présumé coupable alors même qu’il ne devrait pas revenir à la police de statuer sur le fond de l’affaire en matière de délits de presse, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Aucun journaliste ne devrait être en prison pour diffamation. Cette mesure privative de liberté est complètement disproportionnée et envoie une très mauvaise image du pays à l’heure où les nouvelles autorités ont manifesté leur intention de faire des médias un véritable quatrième pouvoir. Nous les appelons à libérer ce journaliste sans délai et à lancer au plus vite la réforme de la loi sur la liberté de la presse qui, en l’état actuel, protège ceux qui attaquent les journalistes”.


Lors d’une mission conjointe qui s’est déroulée du 14 au 18 octobre à Kinshasa, RSF et JED ont plaidé pour la mise en oeuvre urgente de deux chantiers prioritaires susceptibles d’améliorer rapidement et concrètement la liberté de la presse en RDC. 


Les deux organisations ont présenté au ministre de la Communication et des médias et à son homologue des Droits humains des recommandations pour réformer la loi de 1996 sur la liberté de la presse qui prévoit des peines privatives de liberté pour des délits de presse mineurs et même la peine de mort pour des articles qui relèveraient de la “trahison”. Le texte ne prend pas en compte l'intérêt public d’un article, la véracité des faits ou la bonne foi du journaliste lorsqu’il est amené à se défendre dans le cadre de poursuites en diffamation. 


Huit députés et sénateurs rencontrés à Kinshasa ont également accepté de faire partie d’un « groupe de parlementaires amis de la liberté de la presse » constitué par JED et RSF pour défendre l’urgence d’une réforme du cadre légal répressif et obsolète qui régit actuellement l'exercice du journalisme en RDC. 


En Afrique subsaharienne, la RDC est le pays dans lequel RSF a enregistré le plus d’exactions contre les journalistes et les médias. RSF et JED ont également demandé aux autorités de mettre en place un réseau de points focaux dans les différentes administrations et ministères concernés par la liberté de la presse, première étape d’un mécanisme visant à assurer une réponse rapide et un suivi des plus hautes autorité afin de renforcer la protection des journalistes et de lutter contre l’impunité.


La RDC occupe actuellement la 154e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 25.10.2019