Radio Erena : une voix indépendante pour l’Erythrée

Alors que l’Erythrée s’apprête à célébrer les 22 ans de son indépendance, le 24 mai, Reporters sans frontières (RSF) lance une campagne pour promouvoir Radio Erena, seule radio d’information indépendante du pays.

RSF lance aujourd'hui une campagne de sensibilisation en anglais, arabe et tigrinya pour mettre en avant Radio Erena, l'unique radio érythréenne indépendante et apolitique. "Radio Erena ; une voix indépendante pour l'Erythrée" vise à faire connaître le travail de cette radio qui émet depuis Paris et peut être écoutée sur satellite, Internet et également grâce à un service téléphonique mobile, Call to Listen. Radio Erena fait entendre une voix indépendante et critique, qui détonne parfois même parmi les médias en exil, souvent affiliés à des groupes politiques.

La campagne

Un message sera diffusé en tigrinya et en arabe sur Radio Erena, rappelant l’indépendance de la radio à ses auditeurs. Une bannière sera publiée sur les réseaux sociaux et mise à disposition des médias. Le site d’informations indépendantes érythréen, Shekortet, mettra en avant la campagne. Le site du quotidien allemande Bild.de est un des premiers médias partenaires de la campagne.

“Au moment où l’Erythrée s’apprête à célébrer sa 24e année d’indépendance, il nous semblait important de mettre en avant Radio Erena qui fait entendre la seule voix indépendante et apolitique hors d’Erythrée, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. Le régime d’Issayas Afeworki a volé son indépendance au peuple érythréen qui s’était pourtant chèrement battu pour l’obtenir. En soutenant Radio Erena, nous tentons de faire vivre cet esprit démocratique, à travers une information libre”.

L’équipe de Radio Erena

Ses journalistes, Biniam Simon, Amanuel Ghirmay et Fathi Osmane, sont des figures majeures de la dissidence érythréenne.

Biniam Simon, ancien présentateur vedette de la chaîne nationale érythréenne Eri TV pendant 14 ans, a trouvé refuge loin de la dictature de son pays en France en 2007 avec le soutien de RSF. Désireux de poursuivre sa mission d’information auprès de la population érythréenne totalement coupée du monde, Biniam a imaginé une radio en tigrinya qui serait diffusée depuis Paris. RSF lui a apporté son aide en trouvant des financements et des locaux.

Amanuel Ghirmay a lui rejoint l’équipe de Radio Erena en 2010. Ce journaliste, nommé d’office à un poste à Eri TV à la fin de ses études de journalisme, a fini par refuser de se plier à la propagande imposée par le régime. Il a fui pour l’Ethiopie où il a vécu de longs mois dans un camp de réfugiés avant de finalement rejoindre la France.

Fathi Osmane est le dernier journaliste à avoir rejoint l’équipe. Il a travaillé durant plusieurs années pour l’unique journal arabe Al Haditha au ministère de l’Information à Asmara, puis en tant que diplomate au ministère des Affaires étrangères où il a été envoyé en mission au Pakistan puis en Arabie saoudite. S’éloignant de plus en plus de la ligne fixée par le régime, il a été contraint de fuir. Il a rejoint Radio Erena début 2014. Depuis, il gère les programmes en arabe, diffusés deux fois par semaine.

La liberté de la presse en Érythrée

L’Érythrée est la plus grande prison d'Afrique pour les journalistes, et occupe depuis huit années consécutives la dernière place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

A Asmara comme dans le reste du pays, les seules sources d'information sont les journaux, les radios et la chaîne de télévision officiels. Même les journalistes travaillant pour un média d’État ne sont pas à l'abri de l'arbitraire du régime. En 2009, une radio du ministère de l’Éducation, Radio Bana s'est vue fermée manu militari et tous ses employés arrêtés. Treize d'entre eux ont passé près de cinq ans ans derrière les barreaux sans que jamais aucune charge ne leur soit signifiée. Tel est le sort réservé à ceux qui tentent de faire œuvre de journaliste dans ce pays.

Aujourd'hui, plus que jamais, la diffusion d'une information libre, neutre et indépendante est essentielle pour la population érythréenne dans le pays et pour les quelque milliers qui, chaque mois, bravent des dangers inimaginables pour fuir cette prison à ciel ouvert.

Cette situation perdure depuis septembre 2001, et les rafles du président Issayas Afeworki contre les opposants et les journalistes de la presse privée. Des onze journalistes arrêtés à l'époque, au moins sept sont morts en détention et on ignore le sort de quatre autres. En 2010, un câble WikiLeaks révèlait les conditions atroces de détention des journalistes et opposants au régime érythréen et notamment l’existence de cellules souterraines et de conteneurs métalliques installés en plein désert faisant office de prison.

Plus d'informations sur l’Érythrée

Informations pratiques:

Radio Erena: Fréquence 11678 Mhz avec polarisation verticale: SR 27500, FEC ¾

Site Web: http://erena.org/

Contact: Anne-Charlotte Chéron, [email protected]

Publié le
Updated on 01.05.2016