Quelle que soit la décision de la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme, Eynulla Fatullayev ne sera pas relâché

Le représentant azerbaïdjanais à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), Chingiz Askerov, avait annoncé, lors d’une interview sur la BBC que son gouvernement avait fait appel de la décision de la CEDH du 22 avril dernier, celle-ci étant « contraire aux normes internationales ». Chingiz Askerov a fait savoir que même si la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme maintenait cette décision, Eynulla Fatullayev ne serait pas relâché sans un verdict favorable de la Cour d’instance suprême azerbaïdjanaise. Il a ajouté que les 25 000 euros de dédommagement pour le journaliste, réclamés par la CEDH, n’avaient pas été versés puisqu’il y avait eu appel de la décision, et qu’en cas de validation de cet appel par la Grande chambre, cette compensation ne serait plus d’actualité. Reporters sans frontières est outrée par l’acharnement du gouvernement azerbaïdjanais sur Eynulla Fatullayev, emprisonné sous des prétextes fallacieux depuis 2007. La détermination des autorités à ne pas le relâcher démontre le peu de cas que font les autorités de la liberté de la presse et du respect des décisions de hautes instances internationales telles que la Cour européenne des droits de l’homme. ----------------------------------------------------------------------------------------- Le 16 juillet 2010 Affaire Eynulla Fatullayev : le gouvernement azerbaïdjanais a fait appel de la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) Le représentant azerbaïdjanais à la CEDH a annoncé que son gouvernement a fait appel, le 15 juillet 2010, de la décision de la Cour européenne de libérer Eynulla Fatullayev, journaliste d’opposition incarcéré depuis le 20 avril 2007. Reporters sans frontières s’inquiète du sort du journaliste et voit à nouveau dans cette annonce tout le manque de considération des autorités azerbaïdjanaises vis-à-vis de cette institution et de la liberté de la presse. Le 22 avril 2010, la Cour européenne des droits de l’homme avait décrété la libération immédiate du journaliste et le versement d’une compensation de 25 000 euros. Une décision dont le tribunal du district de Garadag n’avait absolument pas tenu compte en condamnant Eynulla Fatullayev à deux ans et demi de prison supplémentaires, le 6 juillet dernier. De plus, le juge avait décidé que cette sentence ne prendrait effet qu’à compter du jour de la délibération et non de la dite « infraction », ajoutant 6 mois additionnels à la peine encourue. Les avocats du journaliste espèrent que la Grande chambre de la CEDH, instance exceptionnelle au sein de cette Cour européenne, rejettera l'appel du gouvernement azerbaïdjanais, permettant à la décision de la CEDH du 22 avril dernier d'entrer en vigueur. Cependant, après tous les efforts des autorités azerbaïdjanaises pour maintenir le journaliste sous les verrous, cette décision serait-elle suivie d’effet? --------------------------------------------------------------------------------------- Le 6 juillet 2010 Deux ans et demi de prison supplémentaires pour le journaliste Reporters sans frontières est choquée par la décision de justice rendue le 6 juillet 2010 par le tribunal du district de Garadag, qui condamne à deux ans et demi de prison supplémentaires Eynulla Fatullayev, incarcéré depuis le 20 avril 2007. Eynulla Fatullayev a été jugé coupable, en vertu de l’article 234.1 du code pénal, de " possession illégale de drogue ". Le 29 décembre 2009, 0,22 gramme d’héroïne aurait été découvert dans ses vêtements, lors d’une fouille de sa cellule, dans la colonie pénitentiaire n°12. Nous déplorons et réprouvons la nouvelle condamnation du journaliste. Nous y voyons une condamnation de nature politique, ainsi qu’une nouvelle preuve de la détermination des autorités d’imposer le silence aux voix critiques. Cette décision dit tout le mépris des autorités vis-à-vis de la Cour européenne des droits de l’homme qui avait demandé la libération immédiate du journaliste dans un arrêt du 22 avril dernier. Nous soulignons enfin que cette décision est prise quelques jours à peine après la visite de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton qui s’est inquiétée de la situation d’Adnan Hadjizade et Emin Milli, deux blogueurs emprisonnés dans le pays. Eux aussi ont perdu leur liberté sur la base de procès montés de toutes pièces. Reporters sans frontières s’étonne par ailleurs de la décision du juge qui souhaite que la nouvelle peine de prison prenne effet à partir d’aujourd’hui et non à compter du 31 décembre 2009, date à laquelle Eynulla Fatullayev a été transféré de la colonie pénitentiaire n°12 pour être isolé avant le jugement. Le journaliste d’opposition a déclaré qu’il s’agissait d’un exemple flagrant du manque de justice en Azerbaïdjan et que " dans les Etats criminels et autoritaires, la meilleure récompense du journaliste était sa sentence ". Le père de l’accusé, Emin Fatullayev a qualifié cette décision "d’ordre politique de l’administration présidentielle". Journaliste respecté et reconnu « prisonnier politique » par la communauté internationale, Eynulla Fatullayev était le directeur de publication de l’hebdomadaire Realny Azerbaijan et du quotidien Gundelik Azerbaijan, journaux tous deux fermés aujourd’hui. Eynulla Fatullayev avait été arrêté en 2007, puis condamné en 2008, pour avoir "insulté l’honneur et la dignité de la nation azerbaïdjanaise", refusé de payer des taxes, et avoir proféré des "menaces terroristes" dans un article d’analyse politique. L’article à l’origine de ces condamnations affirmait que les forces armées azéries partageaient avec l’armée arménienne la responsabilité de la mort de centaines de victimes civiles lors de l’attaque du village de Khojali, dans le Haut-Karabakh, en 1992. L’Azerbaïdjan et l’Arménie revendiquent leur souveraineté sur le territoire du Haut-Karabakh. Malgré un cessez-le-feu instauré en 1994, aucun accord n’a été signé entre les deux Etats depuis 1992.
Publié le
Updated on 20.01.2016

Europe - Asie centrale

Toutes les publications